Les cours du pétrole évoluaient sans direction vendredi en fin d'échanges européens, franchissant pour la première fois depuis deux ans la barre des 99 dollars à Londres mais inscrivant seulement une légère hausse à New-York, pénalisés notamment par des craintes sur la demande chinoise.

Vers 17h00, heure GMT (12h00, heure de Montréal), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février, dont c'est le dernier jour de cotation, s'échangeait à 98,66 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 60 cents par rapport à la clôture de jeudi.

Il était monté quelques minutes plus tôt jusqu'à 99,20 dollars, franchissant le seuil des 99 dollars pour la première fois depuis le 1er octobre 2008.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en février était plus modeste grignotant 14 cents à 91,54 dollars, après avoir lâché en cours de séance jusqu'à 1,30 dollar.

Les cours du marché new-yorkais «avaient accentué leur glissade vers les 90 dollars après l'annonce d'un nouveau relèvement du taux des réserves obligatoires des banques en Chine», destiné à ralentir l'inflation dans le pays, expliquait Michael Hewson, analyste de CMC Markets. Toute tentative de Pékin de maîtriser sa croissance fait craindre aux investisseurs une baisse de la demande en énergie du géant asiatique, deuxième consommateur mondial de pétrole.

«Les peurs d'une réduction de la consommation (chinoise) répondent à la crainte de futures mesures supplémentaires de resserrement monétaire» dans le pays, indiquait M. Hewson.

Les cours du WTI échangé à New York et ceux du Brent échangé à Londres évoluaient cependant à nouveau de façon résolument divergente, avec un écart de plus de 8 dollars entre les deux contrats de référence, le plus important depuis février 2009 selon les analystes.

Outre un regain de confiance des investisseurs sur les perspectives de la zone euro, le Brent bénéficiait d'inquiétudes sur une réduction de la production en mer du Nord.

La Norvège a annoncé jeudi avoir baissé de 20% la taille estimée de ses réserves d'hydrocarbures, faute de découverte majeure, et sa production de brut, après avoir chuté de 10% en 2010, pourrait reculer de 5,8 millions de barils cette année selon les experts de Commerzbank.

De son côté, le West Texas Intermediate (WTI), référence pour les échanges sur la place new-yorkaise, souffre des stocks de brut toujours importants entreposés au principal terminal de livraison, à Cushing, dans l'Oklahoma.

«Les réserves de brut de Cushing ont atteint en mai 2010 un niveau record à 37,88 millions de barils, avant de reculer les mois suivants, puis de remonter à nouveau, et ils ne sont plus désormais qu'à 500 000 barils de leur pic historique», expliquait vendredi Tamas Varga, de PVM Oil Associates.

La mise en service de nouveaux oléoducs à destination de ce terminal dans les semaines à venir devrait encore ajouter une pression supplémentaire.

En revanche, les problèmes de l'oléoduc Trans Alaska, interrompu pendant trois jours après la détection d'une fuite samedi et remis provisoirement en service mardi, n'apportaient plus de soutien au marché pétrolier.

Il fonctionnait pourtant à la moitié de son débit et devait être fermé en vue de réparations au cours du week-end.