La dispute commerciale entre le Canada et les États-Unis concernant le bois d'oeuvre reprend de la vigueur et Washington pourrait ramener Ottawa devant un tribunal londonien dès cette semaine.

Des responsables du secteur américain du bois d'oeuvre prétendent que la Colombie-Britannique classe erronément le bois comme matériau de récupération afin que des compagnies canadiennes puissent bombarder les États-Unis de bois subventionné. Cela, affirment-ils, vient couper l'herbe sous le pied aux scieries américaines, et fait perdre des emplois.

Le gouvernement canadien et les leaders du secteur au pays réfutent les accusations.

Selon Jeff Redd, éditeur associé chez Random Lengths à Eugene, en Oregon, qui surveille le secteur des produits forestiers, la crise hypothécaire a ravivé les tensions alors que les entreprises se battent pour des parts dans le marché américain réduit du bois de résineux, estimé à 6 milliards $ US.

«Il est rare d'observer une paix dans cette guerre de bois, a noté M. Redd. D'un côté comme de l'autre, je doute que l'on change sa position de base.»

Selon le quotidien The Oregonian, le conflit englobe deux pays dont les échanges commerciaux dépassent 430 milliards $ US par année.

Le résultat de cette dispute est crucial pour les économies de l'Oregon, de l'État de Washington, et pour la Colombie-Britannique, dont les forêts sont riches en bois résineux, essentiels dans le domaine de la construction.

Ce type de bois est utilisé pour fabriquer des poutres et les charpentes des bâtiments, comparativement aux bois durs, principalement utilisés pour fabriquer des planchers, entre autres.

Le Canada détient 28 pour cent du marché américain du bois résineux.

Peter DeFazio, membre de la Chambre des représentants au Congrès américain, et d'autres membres d'une délégation des États américains du nord-ouest, veulent que l'administration Obama combatte ce qu'ils estiment être des subsides canadiens illégaux.

John Allan, président du BC Lumber Trade Council, affirme cependant que son organisation avait dépensé plus de 100 millions $, alors que les frais d'avocat ont explosé entre 2001 et 2006.

«Le secteur américain du bois d'oeuvre utilise des sénateurs américains, notamment Max Baucus du Montana et Olympia Snowe du Maine, pour faire pression sur l'administration pour nous vaincre», a-t-il dit.

Le coeur de la discorde est l'allégation américaine selon laquelle le Canada maintient un système contrôlé par le gouvernement pour injustement financer l'industrie du bois, tandis que les États-Unis utilisent une approche basée sur le marché.

Au Canada, des responsables établissent le prix du bois, qui appartient en majeure partie aux gouvernements provinciaux. Aux États-Unis, les entreprises achètent le bois à l'encan.

La Coalition for Fair Lumber Imports, un groupe de pression de l'industrie basé à Washington, soutient que la Colombie-Britannique et d'autres provinces fournissent du bois à des coûts sous le prix du marché, faisant fléchir les cours.

«Cela permet aux compagnies canadiennes de pousser les prix du bois à la baisse et de continuer à faire de l'argent», affirme Zoltan van Heyningen, directeur exécutif de la coalition américaine.

M. van Heyningen soutient que les scieries britanno-colombiennes profitent de prix réduits, basés sur du bois mal classé, tandis que les producteurs américains doivent débourser davantage.

Pat Bell, ministre des Forêts, des Mines et du Territoire de la Colombie-Britannique, maintient cependant que les règles de classement du bois n'ont pas changé depuis des années. Les volumes de bois ont augmenté de façon légitime en raison d'importantes percées dans la lutte contre les insectes, dit-il.