La Chine, qui produit 97% des terres rares de la planète, va de nouveau diminuer ses exportations en 2011. Pékin a établi pour l'année qui vient un premier quota inférieur de 11,4% à celui de l'an dernier.

Depuis 2006, la Chine réduit année après année ces exportations de terres rares, des métaux essentiels pour la fabrication d'applications technologiques, de l'iPad à l'éolienne. Le premier quota chinois annoncé hier est de 13 105 tonnes pour 2011, contre 14 790 tonnes l'an dernier. Pékin ouvrira un autre quota un peu plus tard dans l'année. En 2010, le quota total était de 33 400 tonnes, 40% de moins qu'en 2009.

Ce quota n'est visiblement pas absolu: les exportations réelles l'ont déjà surpassé pendant les trois premiers trimestres de 2010. Il n'en demeure pas moins que le geste de Pékin attisera la colère des États-Unis, du Japon et de l'Union européenne. Officiellement, la Chine réduit ses exportations pour éviter l'épuisement de ses réserves et protéger l'environnement. Dans les faits, elle préfère répondre à la demande intérieure grandissante pour ces métaux de choix. Aux dépens de ses rivaux commerciaux.

En septembre, la Chine a tout simplement interrompu ses envois vers le Japon, qui consomme 20% des terres rares. Cela a exacerbé les tensions entre les deux nations asiatiques. Les États-Unis soutiennent que les restrictions d'exportations chinoises contreviennent aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et ont menacé la semaine dernière de déposer une plainte en bonne et due forme contre Pékin. Hier, le bureau du représentant américain au Commerce a manifesté son inquiétude devant les nouvelles réductions chinoises.

Par ailleurs, la Chine est en train de mettre en place un organisme gouvernemental chargé de mettre de l'ordre dans le secteur des terres rares et de négocier les ventes avec les acheteurs étrangers. L'Association industrielle chinoise des terres rares devrait lancer ses activités en mai prochain.

La Chine compte moins du tiers des réserves mondiales de terres rares, mais profite quand même d'un quasi-monopole sur la production. Très peu de mines sont actives ailleurs dans le monde, les faibles coûts chinois ayant eu raison de la très grande partie de celles qui existaient aux États-Unis ou ailleurs. Les terres rares sont abondantes dans la nature, mais il est difficile de trouver des concentrations suffisantes pour en faire des mines rentables. Leur exploitation est coûteuse et souvent associée à des matériaux radioactifs.

Molycorp gagne et perd

La décision chinoise de sabrer ses exportations a profité aux sociétés étrangères actives dans le secteur des terres rares. Le titre de Molycorp (MCP) a bondi de 11% en ouverture de séance à la Bourse de New York. Molycorp se prépare à relancer la mine californienne de Mountain Pass, fermée en 2002. Des dirigeants de la société ont cependant infirmé hier après-midi des rumeurs laissant croire à une mise en production hâtive, ce qui a annulé tous les gains de la journée. Le titre a clôturé en baisse de 6,59%, à 46,18 $US.

Mountain Pass devrait rouvrir au plus tôt à la fin de 2011, voire en 2012, et sera pour un temps la seule productrice de terres rares en Amérique du Nord. Le titre de Molycorp a presque quintuplé depuis son entrée en Bourse, en juillet dernier.

Le titre de la société canadienne Rare Elements Resources, qui exploite le projet Bear Lodge au Wyoming, a grimpé de 10,32% à la Bourse new-yorkaise AMEX, à 12,94 $US.

Plusieurs sociétés juniors font de l'exploration pour des terres rares au Canada, dont Quest Rare Minerals, Avalon Rare Metals et Matamec Explorations. La Bourse de Toronto était fermée hier.