Partout sur la planète, des chercheurs travaillent à mettre au point des biocarburants de deuxième génération qui seront plus efficaces et moins polluants que l'éthanol et qui, surtout, n'utiliseront pas une denrée alimentaire pour faire rouler des voitures.

Le problème, c'est qu'il faudra du temps pour commercialiser et généraliser l'utilisation de ces carburants. «Au moins cinq ans», estime Jean-Michel Lavoie, titulaire de la Chaire de recherche industrielle sur l'éthanol cellulosique et les biocarburants de seconde génération à l'Université de Sherbrooke.

Dans cinq ans, Éthanol Greenfield, entreprise ontarienne installée à Varennes, pense être en mesure de produire de l'éthanol à partir de différentes sources de sucre, dont la cellulose. L'entreprise a le projet d'encourager la culture du chanvre dans les champs de pommes de terres contaminés de Saint-Amable pour assainir les sols et produire une mélasse sucrée qui pourra être transformée en éthanol. Jean Roberge, directeur de l'usine de Varennes, ne craint pas la concurrence des autres types d'éthanol. «Les matières premières et les procédés sont complémentaires», explique-t-il.

La cellulose, des végétaux et d'autres résidus forestiers qui, une fois digérés par les enzymes, produisent un carburant du même type que l'éthanol-maïs, est la voie privilégiée par ces alchimistes des temps modernes. Du moins au Canada.

«C'est ce qui convient le mieux dans notre climat», explique le chercheur Jean-Michel Lavoie.

Son collègue de la Chaire, Esteban Chornet, est le responsable de la technologie utilisée par l'entreprise Enerkem, qui transforme en éthanol des résidus forestiers dans deux usines pilotes en Estrie. Même Domtar s'y intéresse, parce que ces technologies pourraient apporter un nouveau souffle à l'industrie forestière. Mais pour le moment, ces technologies sont handicapées par le prix élevé des enzymes nécessaires pour convertir la cellulose en éthanol.

Actuellement, c'est la culture de la canne à sucre qui produit de l'éthanol le plus efficacement et avec le moins d'impact sur l'environnement. Mais comme elle ne pousse pas ici, ce sont les céréales - le blé, le seigle et surtout le maïs - qui offrent la meilleure solution. «Ça a fait ses preuves», estime le chercheur.

Jean-Michel Lavoie met même un bémol aux critiques les plus courantes au sujet de l'éthanol-maïs. C'est vrai que cette production utilise beaucoup d'eau et de fertilisant, dit-il, «mais ça dépend aussi de la façon dont les agriculteurs gèrent leur production. Et ça s'améliore».

Selon lui, même si l'utilisation de biocarburants de seconde génération se généralise, l'éthanol-maïs est là pour rester. «On prévoit que la demande ira en augmentant et ça veut dire que plusieurs types de production d'éthanol vont devoir cohabiter.»

Et si un jour, les biocarburants de seconde génération arrivent sur le marché, certaines des usines d'éthanol-maïs existantes pourraient certainement être converties pour traiter de nouvelles matières premières, croit Jean-Michel Lavoie. «Ça nécessiterait des investissements importants, mais c'est faisable», dit-il.