Le prix du cuivre a enregistré de nouveaux records historiques sur le LME, la Bourse londonienne des métaux, tutoyant mardi et mercredi le seuil des 9400 dollars la tonne, alors que s'accroissent les inquiétudes sur la production de la mine chilienne de Collahuasi.

Le prix d'une tonne de cuivre pour livraison dans trois mois a atteint 9392 dollars mardi puis 9390 dollars mercredi sur le LME, des cours sans précédent qui pulvérisent le pic atteint la semaine dernière à 9267,50 dollars.

Alors que l'offre de cuivre peine à répondre à une demande mondiale croissante, l'annonce que la production d'une des principales mines de la planète ne pouvait plus être acheminée affolait le marché, selon les analystes.

Les exportations de cuivre de la mine de Collahuasi, troisième site producteur de métal rouge au monde, ont été en effet suspendues lundi à la suite d'un accident à son terminal portuaire du nord du Chili, Patache.

Les envois de concentré de cuivre depuis le terminal de Patache sont suspendus jusqu'à nouvel ordre, a déclaré à l'AFP Bernardita Fernandez, porte-parole du site de Collahuasi, géré par les géants miniers suisse Xstrata, anglo-sud-africain Anglo-American, et un consortium japonais avec Mitsui

«Etant donné que la mine représente 3,5% de la production mondiale totale et que le marché du cuivre connaît un déficit croissant, la question clef est de savoir combien de temps cette suspension (des exportations) va perdurer», observait Nicholas Snowdon, analyste de Barclays Capital.

«Il apparaît que Patache sera hors service pendant une période prolongée: ça peut très bien être un mois, voire plus, il n'y a aucune visibilité sur la question», ajoutait-il.

Collahuasi, qui produit un demi-million de tonnes par an, a invoqué la clause contractuelle de «force majeure» auprès de ses clients pour couvrir le non-acheminement du cuivre dans les délais, et a indiqué qu'elle étudiait des voies alternatives pour l'exportation de son concentré de cuivre.

La mine de Collahuasi est sortie début décembre d'une grève de plus d'un mois autour de revendications salariales, qui l'avait déjà obligée à tourner au ralenti, même si des exportations de minerai stocké avaient pu être assurées.

Les déboires du site chilien étaient de nature à exacerber les tensions sur le marché mondial, où, d'après le dernier rapport du Groupe international d'étude du cuivre (ICSG), est apparu un déficit cumulé de 363.000 tonnes de cuivre raffiné sur les huit premiers mois de 2010.

«Avec l'interruption des approvisionnements de Collahuasi et la tendance générale positive du marché des métaux industriels (...) les cours devraient restés orientés à la hausse, à moins que quelque chose ne vienne ébranler la confiance du marché», soulignait William Adams, analyste de BaseMetals.com.

Aux besoins des acheteurs industriels, tirés par les économies émergentes -- Chine en tête --, s'ajoute une demande accrue des investisseurs spéculatifs, avant l'introduction, attendue l'an prochain, d'instruments financiers (les ETF) cotés en Bourse et adossés à des stocks physiques de métaux.

Par ailleurs, un seul négociant, non identifié, contrôle entre 80 et 90% des stocks de cuivre du LME, selon les statistiques de la Bourse londonienne, ce qui attisait la nervosité du marché.

Le Wall Street Journal avait rapporté il y a deux semaines que la banque américaine JPMorgan, qui s'apprête à lancer en 2011 un ETF sur le cuivre, détenait plus de 50% des stocks de cuivre entreposés au LME.