C'est un Québécois qui aura la tâche de conduire vers la croissance la nouvelle AbitibiBowater, fraîchement émergée d'une douloureuse restructuration et dont les premières actions se sont échangées hier.

Richard Garneau, originaire de St-Prime, au Lac-Saint-Jean, prendra la tête du plus grand fabricant de papier journal au monde au début du mois de janvier. Il succédera à David Paterson, qui a mené à terme la restructuration de l'entreprise et évité sa faillite. Celui-ci demeura conseiller spécial jusqu'en juillet.

«Nous anticipions qu'à un certain moment après la restructuration, M. Paterson allait vouloir quitter, a expliqué hier le président du conseil, Dick Evans, dans une entrevue à La Presse Affaires. Il voulait retourner dans le Sud-est américain.»

Richard Garneau a dirigé la papetière Catalyst Paper, basée en Colombie-Britannique, de mars 2007 à mai 2010. Après avoir mené la restructuration de la société, l'homme de 61 ans l'a quittée officiellement pour revenir dans l'est du pays et se rapprocher de sa famille.

M. Garneau a été «implacable dans sa volonté de réduire les coûts et d'améliorer la rentabilité», avait alors déclaré le président du conseil de Catalyst, Michel Desbiens. Avant de diriger Catalyst, Richard Garneau avait été vice-président des opérations de Domtar et a occupé plusieurs autres postes dans l'industrie des pâtes et papier.

Quelques jours après son départ de Catalyst, M. Garneau s'est joint au conseil d'AbitibiBowater. «Nous savions qu'il pouvait être un successeur potentiel pour la direction de l'entreprise, mais nous n'avions aucun accord avec lui», assure Dick Evans

De par son expérience dans le milieu, Richard Garneau est une personnalité connue des syndicats. «Il sera capable de faire le travail et de relancer cette entreprise-là», soutient Renaud Gagné, vice-président Québec du Syndicat canadien des communications de l'énergie et du papier.

La moitié des 11 000 employés d'Abitibi-Bowater oeuvrent dans les 25 usines québécoises de la société. Pour l'instant, les usines fonctionnent à plein régime et Dick Evans ne prévoit pas de réduction de capacité à court terme. «Mais nous n'hésiterons pas à agir dans le futur si nous en sentons le besoin», ajoute-t-il du même souffle.

Possibles acquisitions

M. Garneau aura deux grands défis à relever, explique Dick Evans. D'abord, garder les coûts d'exploitation au plancher, tout en augmentant l'efficacité de la production et la variété des produits. Ensuite, veiller à faire croître les affaires dans «les secteurs des pâtes et papiers où les rendements sont les meilleurs», que ce soit à l'interne ou par des fusions et acquisitions.

«Nous émergeons de notre restructuration comme une société forte, avec de faibles coûts et un bilan financier solide, soutient le président du conseil. Nous serions un partenaire attrayant pour une fusion, mais nous sommes également un acquéreur potentiel.»

AbitibiBowater tire environ 38% de ses revenus de la production de papier journal, dont la moitié en Amérique du Nord, où elle anticipe un déclin continu. Elle recherchera des occasions dans des secteurs qui assureront une plus grande diversification de ses activités, mais elle n'exclut pas le papier journal «si nous sentons qu'il y a des rendements à court terme très élevés», précise M. Evans.

L'agence Standard & Poor's a attribué à AbitibiBowater une cote de crédit de B" basée sur «des perspectives stables».

Hier, les premières actions de la papetière se négociaient sur le « marché gris » de la Bourse de Toronto, en attendant leur émission officielle dans une semaine. Elles s'échangeaient à 22,08 $ à la clôture, sur un très faible volume de transactions.