Hydro-Québec a entamé des discussions avec TransCanada Energy pour faire redémarrer la centrale au gaz naturel de Bécancour qui lui coûte une fortune pour rester arrêtée. Elle voudrait qu'elle produise de l'électricité pendant les mois d'hiver seulement, afin d'aider son réseau à faire face aux grands froids.

Cette centrale construite par TCE devait fournir de l'électricité à Hydro pendant 20 ans, mais elle n'a pour ainsi dire jamais fonctionné parce que sa mise en service en 2008 a coïncidé avec l'apparition d'importants surplus d'électricité dans le marché québécois.

Depuis 2008, Hydro paie une compensation d'environ 150 millions de dollars par année à TCE pour qu'elle maintienne sa centrale à l'arrêt. Si la centrale de TCE à Bécancour tournait quelques mois par année, elle pourrait assurer une partie de l'approvisionnement supplémentaire nécessaire en période de pointe l'hiver.

La société d'État prévoit avoir trop d'électricité au moins jusqu'en 2020. Par contre, son réseau peine toujours à satisfaire à la demande pendant les froids hivernaux. Hydro a déjà annoncé la mise au rancart de sa centrale de Tracy, alimentée au mazout lourd, qui sert uniquement en période de pointe hivernale. Cette centrale très polluante en est à son dernier hiver comme police d'assurance.

Hydro souhaiterait que la centrale au gaz naturel de Bécancour puisse prendre la relève dès l'an prochain. Il n'y a cependant aucune assurance qu'une entente avec TCE puisse être conclue, a souligné un des dirigeants de la société d'État, André Boulanger, au cours d'un entretien avec La Presse Affaires.

Aucun commentaire n'a pu être obtenu de TransCanada Energy. L'entreprise de Calgary encaisse les mêmes revenus que si elle fournissait de l'électricité à Hydro-Québec, grâce au contrat en béton qu'elle a conclu jusqu'en 2028.

Si TCE refuse le redémarrage partiel de sa centrale, d'autres solutions devront être envisagées, a indiqué la société d'État à la Régie de l'énergie.

Gestion serrée

Les problèmes d'Hydro pour satisfaire la demande de pointe ne sont pas nouveaux. Encore cet hiver, Hydro devra faire une gestion serrée de son réseau.

Avec une puissance disponible de 42 400 mégawatts et une demande de pointe prévue de 37 000 mégawatts, sa marge de manoeuvre est de 5400 mégawatts. Après avoir tenu compte des contingences et d'une réserve pour imprévus, la marge nette fond à 956 mégawatts en janvier, qui est généralement le mois le plus froid de l'année, selon les chiffres déposés par Hydro au Northeast Power Coordinating Council (NPCC), l'organisme de surveillance des réseaux d'électricité du nord-est du continent.

Une longue liste de mesures a été soumise par Hydro au cas où la demande d'électricité serait plus forte que celle que son réseau peut satisfaire. La société d'État peut importer de l'électricité des réseaux voisins, notamment de l'Ontario et de l'État de New York.

Si ce n'est pas suffisant, elle peut interrompre l'alimentation des grandes entreprises, comme les alumineries, ce qui peut fournir un maximum de 1350 mégawatts. La réduction de la tension sur le réseau, qui peut ajouter 250 mégawatts, est un autre moyen de satisfaire la demande de pointe. Enfin, Hydro peut avoir recours à un appel à tous pour réduire la consommation.

Hydro a été forcée de demander à ses clients de réduire leur consommation trois fois au cours des deux dernières années. La première fois, en 2004, la société avait pu récupérer ainsi 800 mégawatts. Les deuxième et troisième fois, en janvier 2009, la récupération avait été moindre, soit autour de 600 mégawatts.

L'hiver dernier ayant été exceptionnellement doux, aucune de ces mesures exceptionnelles n'a été utilisée.