La nation crie de Mistissini se prononce contre le projet d'exploration d'uranium que la minière Ressources Strateco veut développer sur son territoire. Le chef Richard Shecapio l'a annoncé mardi soir lors d'une audience publique qui a lieu dans la communauté.

À environ 275 km au nord de Chibougamau, au coeur des monts Otish, la société québécoise Strateco développe le projet Matoush, qui pourrait devenir la première mine d'uranium du Québec.

La minière doit d'abord obtenir les permis nécessaires à la construction d'une rampe d'exploration. La rampe lui permettra de confirmer les ressources existantes pour déterminer si une exploitation est possible et rentable. Les audiences publiques, qui se poursuivront jeudi à Chibougamau, sont organisées par des comités d'examen fédéral et provincial qui autoriseront ou non l'émission des permis, en vertu de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois.

Devant les commissaires, Richard Shecapio a expliqué qu'après une réunion tenue dans la communauté lundi soir, la nation crie avait décidé de s'opposer au projet. Son annonce a généré une salve d'applaudissements dans la salle où se tiennent les audiences.

Citant notamment les effets à long terme sur l'environnement et sur les animaux, M. Shecapio a expliqué que l'exploration uranifère «allait à l'encontre des valeurs fondamentales cries».

Le chef s'est dit déçu des réponses fournies par Strateco durant le processus de consultation de la communauté. «Strateco a failli à faire participer la communauté, a déclaré M. Shecapio. Strateco a failli à gagner la confiance des gens.»

Le chef a aussi rappelé le projet de création d'un immense parc de conservation dans la région. Il a dit craindre la coexistence entre un tel parc national et un projet minier à proximité.

«On ne s'attendait pas à ça», a déclaré le président et chef de la direction de Strateco, Guy Hébert à la fin de l'audience où tous les intervenants ont manifesté leur opposition. Il s'attendait visiblement à davantage d'appuis. «Le projet n'est pas encore mort, mais on se rencontrera pour voir où nous avons été plus faibles dans la transmission de l'information», a-t-il dit aux participants.