Hydro-Québec a entrepris d'exporter davantage pour hausser ses profits, mais la météo, le dollar fort et le bas prix du gaz naturel menacent de faire dérailler cette stratégie.

La société d'État rapporte des profits en baisse de 25 % à son troisième trimestre, soit pour les mois de juin, juillet et septembre qui sont généralement très rentables sur le plan des exportations.

Hydro a dû mettre un frein à ses exportations en raison de la baisse du niveau d'eau dans ses réservoirs, a expliqué hier sa vice-présidente, comptabilité et contrôle, Lise Croteau, en téléconférence.

Hydro a non seulement réduit ses exportations, mais elle a aussi dû augmenter ses achats d'électricité sur le marché pour rester active sur les marchés d'exportations tout en gardant le plus d'eau possible dans ses réservoirs. Résultat, le bénéfice net du trimestre a été de 227 millions de dollars, en baisse de 75 millions comparativement à la même période l'an dernier. Les revenus ont augmenté de 5,6 % pendant le trimestre, pour atteindre 2,7 milliards.

La baisse des profits aurait été encore plus prononcée n'eût été la reprise économique, qui a stimulé les ventes au Québec dans le secteur industriel. Rio Tinto Alcan a dû acheter un bloc de 230 millions de mégawatts à Hydro l'été dernier pour compenser la réduction de la production de ses propres centrales en raison du manque d'eau.

Hydro continuera de mettre la pédale douce du côté des exportations d'ici la fin de l'année et le volume des exportations de 2010 sera inférieur à celui de 2009, a précisé Lise Croteau.

Dans son plan stratégique pour la période 2009-2013, Hydro-Québec avait prévu une augmentation constante de ses exportations, en volume et en profits. Cette stratégie connaît actuellement des ratés en raison du faible prix du gaz naturel, qui tire à la baisse le prix de l'électricité dans les principaux marchés d'exportation d'Hydro-Québec.

Le dollar canadien, qui aidait traditionnellement Hydro-Québec à rentabiliser ses exportations, ne joue plus ce rôle depuis qu'il a atteint la parité avec le dollar américain.

En outre, le faible niveau de précipitations enregistré depuis un an a fait baisser le niveau d'eau dans les réservoirs d'Hydro-Québec, ce qui réduit encore le potentiel de profit des exportations.

Le niveau d'eau dans les réservoirs est bas, mais il n'y a pas de quoi s'inquiéter, a assuré la vice-présidente d'Hydro. Au cours des 10 dernières années, la réserve d'eau a varié entre une production d'un minimum de 75 milliards de kilowattheures et d'un maximum de 116 milliards de kilowattheures.

Le niveau actuel, à 95 milliards de kilowattheures, est « largement suffisant pour répondre à nos engagements », a dit Lise Croteau.

L'été dernier, Hydro a exporté seulement 0,9 milliard de kilowattheures, comparativement à 6,2 milliards pendant la même période l'an dernier.

Le prix moyen du kilowattheure exporté pendant l'été a été 6,6 cents, un prix qu'Hydro a réussi à bonifier à 7,6 cents avec des couvertures sur la valeur du dollar et le prix de l'électricité.

Depuis le début de l'année 2010, le prix moyen obtenu par Hydro sur les marchés d'exportation est de 5,6 cents le kilowattheure, soit à peu de chose près le même que l'an dernier (5,3 cents).

Après les neuf premiers mois de l'exercice en cours, les profits d'Hydro sont un peu moins élevés qu'à pareille date l'an dernier, soit 2,04 milliards comparativement à 2,06 milliards en 2009.

La société d'État estime qu'elle sera en mesure d'obtenir le bénéfice net annuel de 2,4 milliards prévu dans le dernier budget du gouvernement du Québec.