L'or a franchi lundi pour la première fois le seuil des 1400$ l'once, grimpant à un nouveau record historique dans un marché toujours soutenu par un solide engouement des investisseurs spéculatifs sur fond de craintes inflationnistes et d'incertitudes économiques.

Vers 12h30, le cours de l'once d'or est monté jusqu'à 1407,20$ sur le marché au comptant, un niveau sans précédent.

Le lingot d'or (400 onces) commercialisé à Londres valait donc lundi jusqu'à 562 880$ environ.

Le métal jaune, dont la valeur intrinsèque est universellement reconnue, continue de séduire les investisseurs, qui le considèrent comme une bonne couverture contre l'inflation et la volatilité des devises.

De fait, son cours était toujours porté par la décision de la Réserve fédérale américaine, annoncée mercredi dernier, d'ouvrir grand les vannes du crédit, avec l'injection de 600 milliards de dollars supplémentaires dans l'économie - initiative propre à peser sur le dollar et à nourrir l'inflation.

«La réapparition d'inquiétudes sur les risques d'inflation à moyen terme a conforté l'intérêt pour les métaux précieux des investisseurs, qui ont mis de côté le renchérissement de la monnaie américaine» intervenu depuis la fin de semaine dernière, observait Suki Cooper, analyste de Barclays Capital.

L'appréciation du billet vert face à l'euro, qui accentuait lundi son recul sous le seuil de 1,40$, était en effet de nature à rendre moins attractifs les métaux précieux libellés en dollars. Elle n'a pas empêché le métal jaune de grimper vers de nouveaux records.

Alors que les craintes sur les pays les plus endettés de la zone euro se sont encore avivées lundi, l'or joue son rôle de valeur refuge contre les incertitudes économiques: «L'envolée finale au-dessus de 1400$ est venue après une forte tension sur les dettes souveraines» de l'Irlande et du Portugal, expliquait Filip Petersson, de la banque suédoise SEB.

Face à un marché sceptique sur la capacité de ces pays à juguler des déficits publics astronomiques, les taux portugais et irlandais à 10 ans ont atteint tous les deux des niveaux jamais enregistrés depuis leur entrée dans la zone euro.

Le métal jaune était également soutenu par une robuste demande physique en Inde, deuxième pays le plus peuplé au monde, où la consommation s'est fortement accélérée la semaine dernière avant Diwali. Cette fête traditionnelle des Lumières est l'occasion pour les ménages indiens d'acquérir de l'or en guise d'heureux présage.

Diwali s'est terminée vendredi: «Les achats ont été extrêmement robustes cette année, et avec l'imminence de la saison des mariages, qui se prolongera jusqu'en février, les négociants ont réalisé de très importantes acquisitions d'or», relevaient les analystes de Société Générale.

L'envolée des prix de l'or intervient par ailleurs alors que le président de la Banque Mondiale, Robert Zoellick, a appelé lundi, dans un entretien au Financial Times, les pays du G20 à redonner à l'or un rôle stabilisateur dans le système monétaire international.

Alors que le sommet du G20, jeudi et vendredi en Corée du Sud, devrait être dominé par les inquiétudes liées à la possibilité d'une «guerre des monnaies», «ces déclarations de M. Zoellick ont fait quelque peu sensation», soulignaient les analystes de Commerzbank.

«Même si un tel projet n'est pas près de se concrétiser, ces propos étaient de nature à apporter un soutien psychologique» aux cours, notaient-ils.

De son côté, l'argent, qui profite à la fois de son statut de métal précieux et de son usage dans l'industrie, est lui aussi grimpé lundi à un nouveau record, atteignant 27,64$ l'once vers midi, son plus haut niveau depuis plus de 30 ans.