Avant la fermeture de la raffinerie de Shell, le Québec raffinait plus de produits pétroliers qu'il en consomme. Le surplus est vendu en Ontario et dans les provinces maritimes. La fermeture de Shell renversera la situation et à moins que les deux autres acteurs du secteur, Ultramar et Suncor (Petro-Canada) augmentent leur production, une partie des besoins québécois en produits raffinés sera importée, ce qui suscite des inquiétudes. Y a-t-il des risques de manquer d'essence? Les prix augmenteront-ils?

Michael Ervin, président de MJ Ervin & Associates, consultant de Calgary spécialisé dans la vente au détail des produits pétroliers, a répondu à nos questions.

Q: La fermeture de Shell fera-t-elle augmenter les prix de l'essence?

R: Non, je ne pense pas. Du point de vue du consommateur, rien ne va changer.

Montréal est bien situé pour recevoir d'autres approvisionnements de l'extérieur.

Ultramar a une grosse raffinerie à Lévis qui pourra bientôt acheminer de l'essence à Montréal par pipeline. Un pipeline est une façon très efficace de transporter des produits pétroliers.

Vous devez garder à l'esprit que le prix des importations n'est pas nécessairement plus élevé que le prix des produits raffinés ici.

Q: Doit-on s'inquiéter d'une pénurie possible de produits raffinés?

R: Pour un avenir prévisible, je ne crois pas que le Québec vivra des pénuries.

D'abord parce que la demande est en déclin. Même si la croissance économique reprend, je prévois, et je ne suis pas le seul, une baisse de la demande à cause des moteurs plus efficaces et de la conscience environnementale qui se développe. La tendance de la demande est à la baisse.

Il y a des surplus d'essence en Europe, parce qu'ils consomment surtout du diesel et que les raffineries n'ont pas le choix, elles doivent produire aussi de l'essence.

Q: Après celle de Shell, est-ce que la raffinerie de Suncor (Petro-Canada) risque de fermer?

R: J'en doute. Parce que malgré la baisse de la demande, il y a encore un gros marché à desservir dans l'est du pays. Surtout avec la fermeture de Shell.

Q: Shell était-elle vraiment intéressée à vendre sa raffinerie?

R: Je pense qu'ils auraient vendu s'ils avaient pu obtenir un bon prix.

Le problème, c'est que les acheteurs intéressés voulaient l'avoir pour une bouchée de pain.

Si on parle d'une offre à 100 ou 200 millions, comme il en a été question, c'est des pinottes quand on sait que construire une nouvelle raffinerie coûterait entre 2 et 3 milliards de dollars.