Capter le méthane qui sort des mines de charbon, le brûler, puis vendre les crédits de carbone correspondants aux émissions ainsi évitées: c'est la nouvelle astuce de la montréalaise Biothermica, qui vient de signer une entente avec un important producteur de charbon américain.

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Biothermica a formé un partenariat avec Walter Energy pour réduire les émissions de méthane provenant ses mines de charbon de l'Alabama. Bien connu pour déclencher des coups de grisou, ces explosions parfois fatales pour les mineurs, le méthane qui s'échappe des mines de charbon est aussi un gaz à effet de serre 21 fois plus nocif que le CO2.

En nettoyant l'air qui sort des systèmes de ventilation des mines de Walter Energy, Biothermica dit pouvoir éviter à terme l'équivalent de 3 millions de tonnes de CO2 par année, soit l'équivalent des émissions annuelles de 500 000 voitures.

«L'importance de ce partenariat est énorme, parce qu'on signe avec l'un des plus importants propriétaires miniers dans le charbon», a dit hier à La Presse Affaires le président de Biothermica, Guy Drouin, qui parle d'un marché «pratiquement vierge» à conquérir.

Biothermica commencera son projet sur une seule mine, ce qui devrait permettre dès l'an prochain d'empêcher l'équivalent de 330 000 tonnes de CO2 d'être émis dans l'atmosphère. Biothermica et Walter Energy demanderont des crédits de carbone pour les émissions évitées, qu'ils revendront ensuite sur le marché.

Pour l'instant, M. Drouin dit pouvoir obtenir un prix d'environ 6$ la tonne sur les marchés de carbone volontaires, ce qui entraînerait des revenus annuels d'environ 2 millions dès l'an prochain.

Précieux crédits

M. Drouin se garde toutefois l'option de conserver une partie des crédits dans l'espoir de les vendre dans le cadre du Western Climate Initiative, un marché qui regroupera sept États américains et quatre provinces canadiennes, dont le Québec. Si tout va comme prévu, ce marché devrait entrer en vigueur dès l'an prochain. M. Drouin s'attend à ce que les prix de départ y soient environ deux fois plus élevés que sur les marchés volontaires.

«Nous allons vendre une partie des crédits sur le marché volontaire et en conserver une partie», indique M. Drouin.

Biothermica, qui existe depuis 1987, a commencé en produisant de l'électricité à partir des biogaz dégagés par les sites d'enfouissement.

L'entreprise compte une trentaine d'employés et s'intéresse aux mines de charbon depuis environ deux ans.

L'entreprise a mis au point une technologie qui permet de brûler le méthane de l'air même s'il s'y trouve en très faible concentration.