La multiplication des projets de mine à ciel ouvert en Abitibi-Témiscamingue crée un malaise dans une certaine partie de la population. Un regroupement d'organisations syndicales, écologistes et communautaires lance un manifeste exigeant la tenue d'un débat public portant exclusivement sur cette question.

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Le regroupement fera circuler et signer un «manifeste citoyen» intitulé L'Abitibi-Témiscamingue, c'est pas un trou. «Il faut un temps de réflexion en région, se demander si on dit oui ou non aux mines à ciel ouvert, explique le porte-parole du Regroupement pour un débat public sur l'exploitation des mines à ciel ouvert en Abitibi-Témiscamingue, Marc Nantel. Et si on dit oui, il faut se demander à quelles conditions. On n'a jamais eu l'occasion de s'asseoir, de discuter et de décider ce qu'on voulait.»

«Le débat a eu lieu, je pensais que c'est résolu», a répliqué hier le directeur général de l'Association de l'exploration minière du Québec, Jean-Pierre Thomassin, qui avait déjà souligné par le passé la nécessité d'un tel débat.

Quand il affirme que le débat a eu lieu, M. Thomassin fait référence au forum sur le développement minier, tenu pendant deux jours en mars dernier et organisé par la Conférence régionale des élus d'Abitibi-Témiscamingue (CRE). Une demi-journée de discussions avait été consacrée aux mines à ciel ouvert.

Mais cette demi-journée n'a pas suffi à vider la question et «les élus ne veulent vraiment pas poursuivre le débat», soutient Marc Nantel, aussi président du Syndicat de l'enseignement de l'Ungava et de l'Abitibi-Témiscamingue.

Sept projets

L'énorme hausse des prix de l'or a provoqué l'apparition de plusieurs projets de mines à ciel ouvert dans la région plutôt habituée aux exploitations souterraines. Les prix élevés permettent de rentabiliser des gisements à fort tonnage, faible teneur, où on creuse un volume énorme de terre pour une petite quantité d'or. Outre le projet d'Osisko à Malartic, déjà en construction, au moins six autres projets de mine à ciel ouvert sont à l'étude en Abitibi-Témiscamingue.

Sauf que ce qui manque, déplore le regroupement, c'est l'obligation de réaménager la fosse après l'exploitation de la mine. Cette obligation n'est présente ni dans l'actuelle Loi sur les mines, ni dans sa réforme présentée dans le projet de loi 79. Ce projet, qui a fait l'objet de consultations cet été, doit être étudié à l'Assemblée nationale et subira vraisemblablement plusieurs changements.

Le regroupement craint aussi pour la contamination des eskers, ces dépôts géologiques où sont situées plusieurs sources d'eau potable d'Abitibi.

À la fin du dernier forum sur les mines, en mars, le maire d'Amos et président de la CRE, Ulrick Chérubin, avait laissé entendre qu'un autre forum pourrait traiter seul de la question des mines à ciel ouvert. Il n'avait pas rappelé La Presse Affaires au moment de mettre sous presse hier.