Le cours de l'or bat tous les records et ce n'est pas fini: c'est la conviction des banquiers, courtiers et compagnies minières réunis depuis lundi à Berlin pour la plus importante rencontre annuelle des professionnels des métaux précieux.

L'once d'or devrait atteindre dans un an 1400 dollars, selon un sondage réalisé lundi auprès des participants à la conférence organisée chaque année par le marché londonien LBMA.

Le métal jaune, qui bat record sur record, avait fini à un peu plus de 1300 dollars vendredi à Londres.

Le prix de l'or a augmenté de quelque 30% en un an, déjouant les prévisions des professionnels: lors de la conférence LBMA de l'an dernier, les participants avaient prédit une once d'or à 1181 dollars en septembre 2010.

Et rien n'indique un retournement de tendance, alors que le métal jaune apparaît comme l'un des seuls refuges face aux incertitudes sur la conjoncture mondiale, à en croire les spécialistes réunis dans les luxueux salons d'un palace berlinois.

«Les conditions actuelles vont certainement perdurer un long moment», a assuré Graham Birch, ancien directeur de la division «Ressources naturelles» du fonds d'investissement Blackrock et grand spécialiste du métal jaune.

«L'or va continuer à monter pendant un à trois ans parce que c'est la pétaudière sur le marché mondial des devises», explique à l'AFP Josef Kaesmeier, chef économiste de la banque allemande Merck Finck.

«Les États-Unis ont intérêt à ce que le dollar reste faible, l'euro souffre des problèmes de dette des pays d'Europe du Sud, le yen a un comportement inexplicable... La seule devise que le monde voudrait acheter, c'est le yuan, mais la Chine ne veut pas. Reste l'or», détaille-t-il.

Autres arguments plaidant en faveur du métal jaune, selon M. Birch: «C'est l'un des rares actifs à exister en dehors du système bancaire», qui a perdu beaucoup de sa crédibilité après la faillite en septembre 2009 du géant Lehman Brothers.

L'or est aussi un placement discret, ce qui joue en sa faveur «à l'heure où les gouvernements cherchent à taxer tout et n'importe quoi», a encore assuré M. Birch.

Les records enregistrés par le métal jaune attirent de nouveaux acteurs sur le marché, au premier rang desquels les fonds de pension.

«L'attitude envers l'or a changé de manière spectaculaire», a déclaré Shayne McGuire, représentant du fonds de pension des enseignants de l'État américain du Texas.

Il a souligné que l'arrivée sur le marché il y a quelques années des «fonds indiciels», c'est-à-dire de placements indexés sur le cours du métal jaune, avait «rendu l'or réellement accessible», en permettant d'investir dans le métal sans avoir à acheter réellement des lingots et autres pièces.

«Tout le monde se doit désormais d'avoir de l'or dans son portefeuille» de placements, a-t-il conclu.

Une affirmation qui fait frémir M. Kaesmeier: «Si les fonds de pension arrivent en masse, alors je vois le risque d'une bulle.»

«Je vois que l'or commence à devenir un thème grand-public, qui fait la Une des journaux, cela ne me plait pas», poursuit l'économiste, qui redoute une ruée sur le métal.

Même son de cloche chez M. Birch, pour qui tout ira bien tant que l'or restera «un moyen pour les riches de rester riches».

«Nous aurons un risque (de bulle) le jour où Monsieur tout le monde, qui pour l'instant préfère vendre les bijoux de sa grand-mère, commencera au contraire à vouloir acheter» de l'or, a-t-il dit.

Et de prédire à l'AFP: «Le jour où le chauffeur de taxi vous dira d'acheter de l'or, alors vendez, parce que le marché aura atteint son pic.»