Cela fait à peine trois jours que Stéphane Bossé a mis les pieds à Fermont. Il a laissé Rivière-du-Loup et l'entreprise d'excavation qui l'employait pour venir profiter de l'effervescence minière.

«Je ne sais pas combien de temps je vais rester, peut-être trois ou quatre ans, on verra où ça me mènera», confie-t-il à La Presse Affaires. Il connaissait Fermont pour être déjà venu chasser le caribou dans les environs. Il découvre maintenant «les gens sympathiques» de l'endroit, dit-il alors qu'il prend l'apéro au comptoir du resto-bar.

Des personnes comme Stéphane Bossé, prêtes à se laisser tenter, la Côte-Nord en prendrait des tonnes. «Je ne sais pas si les gens de Montréal réalisent ce qui se passe sur la Côte-Nord, présentement, mais c'est absolument incroyable», dit le directeur des communications d'ArcelorMittal Mines Canada, Martin Simard.

La liste des projets est longue: les travaux hydroélectriques sur la Romaine, l'aluminerie Alouette qui évoque une autre phase de développement, le prolongement de la route 138 et, bien sûr, les projets des sociétés minières.

L'offre d'emplois est très forte, mais la main-d'oeuvre n'est pas au rendez-vous. Les minières peinent à dénicher les employés dont ils ont besoin, et les prochaines années s'annoncent encore plus corsées.

«C'est notre plus grand défi, soutient Martin Simard. Environ 40% de nos employés doivent prendre leur retraite dans les quatre ou cinq prochaines années. Cela représente des centaines de personnes à embaucher, et davantage si nos projets d'expansion se concrétisent. Pendant ce temps, la population de la Côte-Nord est en baisse.»

De son côté, la compagnie minière IOC a actuellement 250 postes ouverts à Labrador City et aura besoin de 300 autres employés pendant la construction de nouvelles infrastructures pour augmenter la production.

Mais il ne faut pas que des travailleurs miniers. Il faut aussi attirer des fournisseurs de services pour les minières, et des entrepreneurs pour servir les communautés. Comme à Fermont. «Il n'y a pas de boulangerie à Fermont, déplore Martin Simard. Il n'y a pas de fleuriste non plus.»