Les prix du pétrole ont fini en nette baisse vendredi à New York, après la remise en service d'un oléoduc qui approvisionne les raffineries américaines en brut canadien, et un mauvais indicateur économique aux États-Unis.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en octobre a terminé à 73,66 dollars, en baisse de 91 cents par rapport à la veille.

Les cours, qui avaient bondi lundi à plus de 78 dollars, alignent ainsi leur quatrième séance consécutive de repli.

À Londres, sur l'Intercontinental Exchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance novembre a perdu 27 cents à 78,21 dollars.

L'oléoduc 6A du groupe canadien Enbridge, fermé le 9 septembre après la détection d'une fuite dans l'Illinois a été remis un service vendredi vers 14h50 GMT (10h50, heure de Montréal), selon un communiqué du producteur d'énergie. Cet oléoduc transporte 670 000 barils de brut par jour, soit environ le tiers des importations américaines en provenance du Canada, son premier fournisseur.

Les cours «avaient progressé la semaine dernière et en début de cette semaine en raison de l'interruption de service de l'oléoduc 6A d'Enbridge, et maintenant qu'il a redémarré, le marché efface ces gains», a expliqué Tom Bentz, de BNP Paribas.

«On a eu des chiffres négatifs sur la confiance des consommateurs (américains), cela n'a pas aidé, mais c'est surtout la réouverture de l'oléoduc qui a poussé ce marché vers le bas», a-t-il ajouté.

L'indice de confiance des consommateurs compilé par l'Université du Michigan a reculé contre toute attente, tombant à son plus bas niveau depuis août 2009.

Les États-Unis «sont entrés dans une période de creux pour la demande, et l'offre est abondante», a estimé Phil Flynn, de PFG Best Research. «Quant à l'oléoduc d'Enbridge, le fait qu'ExxonMobil avait déjà trouvé une autre source d'approvisionnement (pour ses raffineries) signifie qu'on pourrait avoir en fait une situation où l'offre va être excessive dans le Midwest (centre) et non insuffisante».

Les cours avaient reçu le soutien en début de séance de l'ouragan Karl, qui générait des rafales de près de 200 km/h, dans l'extrême Sud du golfe du Mexique. Il a touché dans la journée les côtes mexicaines.

Selon les analystes de Commerzbank, la compagnie nationale Pemex a suspendu la production de 14 plateformes pétrolières de petite taille, et les deux plus grands ports du pays ont été fermés par mesure de précaution.

Le Mexique est le troisième exportateur de brut vers les États-Unis, après le Canada et l'Arabie Saoudite.

«Par conséquent, les importations américaines de pétrole pourraient continuer à baisser cette semaine, après leur chute des deux semaines précédentes, qui ont permis de réduire les stocks» de brut, actuellement proches de leur plus haut niveau depuis 20 ans, ont estimé ces analystes.

«Ce recul potentiel des importations devrait cependant être compensé par la réouverture de l'oléoduc entre le Canada et les États-Unis», ont-ils tempéré. «Il est donc peu probable que la baisse des stocks se poursuive et les prix du brut devraient se trouver sous pression dans les jours à venir» à New York.

Pour les analystes de la Deutsche Bank, «avec le redémarrage de l'oléoduc d'Enbridge et des fondamentaux du marché pétrolier (offre et demande, ndlr) qui restent mauvais, nous pensons que le possible renforcement des marchés boursiers (dans les semaines à venir) constitue la principale source de soutien pour les prix du brut».