Le conseil des Innus de Sept-Îles poursuit le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador pour avoir omis de le consulter avant de délivrer des permis pour un projet minier situé près de Schefferville, dans ce que les Innus affirment être leur territoire traditionnel.

Les négociateurs innus et des représentants de trois ministères terre-neuviens ont d'ailleurs tenu hier à Montréal une première séance de discussion dans l'espoir de trouver une solution au conflit.

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La pomme de discorde est le projet de mine de fer de Labrador Iron Mines Holdings (LIM), dont la mise en exploitation est prévue le printemps prochain. Le gouvernement de Terre-Neuve a délivré les permis nécessaires pour ce projet situé près de Schefferville, mais dont la première phase se concentre entièrement sur des gisements situés au Labrador.

«Cela s'est fait sans consultation, sans accommodement, et sans consentement de notre part», dénonce le négociateur en chef des Innus, Rosario Pinette.

Les Innus de Sept-Îles (Uashat mak Mani-Utenam) soutiennent qu'ils auraient dû être consultés avant la délivrance des permis, puisque le territoire traditionnel qu'ils partagent avec les Innus de Schefferville (Matimekush-Lac-John) dépasse largement les frontières du Québec et s'étend sur toute la partie ouest du Labrador.

Le gouvernement terre-neuvien estime toutefois que personne d'autre que les Innus du Labrador ne peut avoir des droits sur le territoire labradorien, résume M. Pinette.

Tout en demeurant discret sur les détails des discussions, le négociateur innu a qualifié la rencontre d'hier de très importante, «car il doit y avoir des actions rapidement». La poursuite des Innus contre le gouvernement de St John's, qui vise à obtenir l'annulation des permis déjà délivrés, doit être entendue au début de novembre par la Cour suprême de Terre-Neuve. Il semblait toutefois peu probable, au moment de mettre sous presse, que cette première réunion donne déjà des résultats concrets.

Parallèlement, les Innus de Sept-Îles discutent avec Labrador Iron Mines afin d'en arriver à un accord sur les bénéfices économiques. La plus récente rencontre a eu lieu mercredi soir.

«Nous sommes au stade d'une entente de principe, affirme M. Pinette. Mais LIM n'a pas beaucoup de marge de manoeuvre, car elle doit négocier dans les limites des exigences imposées par Terre-Neuve. C'est pour cela que la réunion avec les représentants gouvernementaux est si importante.»

Terre-Neuve exige que 80% des emplois et 80% des contrats reviennent à des habitants ou à des entreprises de la province, une règle qui ne plaît pas aux Innus du Québec.

Le projet de LIM doit générer 100 emplois dans sa première phase. Des emplois dont auraient bien besoin les Innus d'Uashat mak Mani-Utenam, où 1400 des 1800 personnes aptes au travail sont sans emploi, souligne M. Pinette.

Les résultats des négociations entourant le projet de LIM risquent aussi d'avoir un impact sur celui de New Millenium Capital Corp., développé en partenariat avec Tata Steel des deux côtés de la frontière Québec-Labrador. Mais la priorité des Innus de Sept-Îles va au projet de LIM, plus imminent.

Les Innus de Schefferville sont aussi en négociations avec LIM et New Millenium, mais ne sont pas associés à la poursuite contre le gouvernement de Terre-Neuve.

Il n'a pas été possible d'obtenir des commentaires du gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador hier.