Avant d'investir davantage dans l'industrie du gaz de schiste, Fondaction veut attendre les conclusions de l'enquête du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement qui lui permettront de décider si ce type d'investissement est compatible avec sa politique environnementale.

Le fonds d'investissements de la CSN, qui est très fier de ses valeurs environnementales, a investi dans Junex et Gastem, les deux entreprises québécoises qui veulent produire du pétrole et du gaz au Québec. «Au moment où on a investi, les inquiétudes qui se manifestent aujourd'hui n'étaient pas là», explique Léopold Beaulieu, président-directeur général de Fondaction.

Fondaction a vu plusieurs avantages à investir dans ce secteur d'activité, selon lui. Le gaz naturel est une des sources d'énergie les moins polluantes, après l'hydroélectricité, et il pourrait contribuer à l'indépendance énergétique du Québec. «Il nous est apparu important de soutenir des entrepreneurs québécois dans cette jungle», justifie Léopold Beaulieu.

Quand il y aura plus d'information disponible sur l'industrie du gaz de schiste, Fondaction réévaluera ses investissements, qui restent modestes, souligne son président.

Le fonds est actionnaire de Junex depuis 2003 et sa participation lui a coûté près de 2 millions de dollars. Il a investit 25 000$ dans Gastem en 2008.

Fondaction doit investir 60% de l'argent qui lui est confié dans des entreprises et le reste est investi dans des titres à revenus fixes, comme les obligations. Le Fonds a fini l'année 2010 avec un rendement de 2%, une performance qui reflète assez bien l'état de l'économie, estime Léopold Beaulieu. Fondaction obtenu son meilleur rendement avec ses investissements dans des entreprises inscrites en Bourse (+20,1%) et son pire rendement avec ses investissements les plus importants, ceux dans les entreprises à capital fermé (0,9%).

Même modeste, ce rendement de 2% est quand même une amélioration par rapport à celui de l'an dernier (-14,8%). En 10 ans, Fondaction n'a connu que trois exercices rentables. Depuis sa création, il y a 15 ans, le rendement global de Fondaction est de - 0,6%. Si on tient compte des avantages fiscaux, un investisseur qui aurait misé sur Fondaction depuis ses débuts aurait obtenu un rendement positif de 2,8%.

Fondaction célèbre cette année son 15e anniversaire. Il a reçu un cadeau à l'avance l'an dernier du gouvernement québécois, soit un crédit d'impôt plus élevé de 10% que celui dont bénéficie son vis-à-vis, le Fonds de solidarité FTQ. Le but de cette augmentation est de permettre à l'actif de Fondaction de grimper plus vite au-delà du milliard de dollars, pour limiter l'impact de ses coûts fixes sur le rendement. Les coûts d'exploitation du fonds, à 3,4% de son actif en 2010, sont encore élevés, mais ils augmentent moins vite que l'actif et leur poids sur le rendement du fonds ira en diminuant.

Ce cadeau consenti par le gouvernement dans son budget de 2009 a fait son effet. L'actif a bondi de 20,4% au dernier exercice, pour atteindre près de 700 millions. À ce rythme, l'actif de Fondaction dépassera le milliard de dollars d'ici quatre ou cinq ans, prévoit Léopold Beaulieu.