Bill Doyle, PDG de PotashCorp, raconte qu'il a goûté ce qui stimule la demande mondiale de fertilisants.

«Lorsque je suis allé en Chine la première fois en 1979, nous mangions de la cervelle de singe, du grillon et de l'oursin», précise M. Doyle, 60 ans, au cours d'une entrevue. «Aujourd'hui, en Chine, on vous demande si vous voulez partager un filet de boeuf», ajoute-t-il.

Tandis que la prospérité s'accroît en Chine, il en va de même de l'appétit du pays pour la viande, ce qui ajoute à la demande mondiale de cultures pour nourrir les animaux. Et l'utilisation de fertilisants pour augmenter les rendements a fait en sorte que PotashCorp est devenue la cinquième entreprise en importance au Canada au chapitre de la capitalisation boursière.

La demande de fertilisants a également incité BHP Billiton, première société minière au monde, à présenter une offre hostile de 40 milliards US la semaine dernière pour mettre la main sur PotashCorp.

M. Doyle, un ancien vendeur de fertilisants qui dirige PotashCorp. depuis ses bureaux à Saskatoon, en Saskatchewan, et dans sa ville natale, Chicago, a rejeté l'offre de 130$US l'action de BHP Billiton, la qualifiant de «plus qu'opportuniste», et il poursuit des discussions avec d'autres investisseurs potentiels. L'entreprise chinoise Sinochem Group et la société brésilienne Vale SA ont présenté la semaine dernière des demandes initiales au conseil d'administration de PotashCorp. concernant de possibles pourparlers, a indiqué une personne au courant du dossier.

Les investisseurs s'attendent à une offre plus généreuse pour le producteur canadien de potasse. L'action de Potash a bondi de 30% depuis le 16 août, veille du jour où l'entreprise canadienne a fait part de la proposition de BHP.

M. Doyle, nommé PDG en 1999, a fait profiter les actionnaires d'une augmentation moyenne annuelle de 26% des bénéfices depuis qu'il est aux commandes, soit plus du triple de l'appréciation de 6,9% de l'indice composite S&P de la Bourse de Toronto, selon des données compilées par Bloomberg. Ce résultat classe PotashCorp. au 20e rang parmi les 229 membres de l'indice, le premier rang appartenant à Eldorado Gold, dont la hausse moyenne annuelle des profits a été de 37% au cours de la même période. De son côté, BHP a présenté une moyenne de 20% à la Bourse de Sydney.

S'il a permis aux actionnaires d'empocher des gains, le patron de PotashCorp s'est aussi attiré les critiques de fermiers dans le monde après que les prix de la potasse eurent bondi il y a deux ans. Sa rémunération, qui a atteint 9,7 millions US l'an dernier, a été critiquée par des dirigeants syndicaux. Les 2,93 millions d'actions et d'options qu'il détient selon une déclaration de l'entreprise datant du 19 février dernier auraient une valeur brute de 445 millions US selon l'offre de BHP.

«Ces commentaires à propos de mon salaire ou de ce que je suis censé gagner, ça me fait rire», a souligné M. Doyle. «Je ne me soucie vraiment pas de ça, a-t-il ajouté. Je travaille et je fais ce que je fais parce que j'aime ça.»

M. Doyle a obtenu un diplôme de premier cycle en arts et sciences de l'Université Georgetown, à Washington, en 1972, d'après un communiqué publié l'an dernier par l'université qui fournissait des détails sur le don de 1,5 million US fait par M. Doyle à l'établissement.

Après avoir quitté l'université, il a parcouru les petites routes d'Europe à moto.

«J'ai vu l'agriculture dans 37 pays différents, j'ai couché dehors 13 mois sur 14, tout seul, et puis je suis revenu et je me suis dit: «Tu sais quoi? Ces gens, qui travaillent la terre de leurs mains et qui récoltent quelque chose chaque année, c'est à eux que je veux être associé»», racontait M. Doyle en mai 2008.

Après avoir travaillé chez International Minerals & Chemical Corp., un producteur de potasse, M. Doyle est entré chez PotashCorp en 1987 à l'invitation d'un cadre de la société IMC embauché par la Saskatchewan pour améliorer la performance chez PotashCorp, qui appartenait alors au gouvernement provincial.