À défaut d'un moratoire, les Québécois risquent de payer cher le prix de l'exploitation de l'uranium sur leur territoire, préviennent des militants de la Côte-Nord.

Des membres du groupe de pression «Sept-Îles sans uranium» ont érigé lundi un camp minier de fortune devant l'Assemblée nationale pour tenter de rallier la population à leur croisade contre l'uranium.

L'interruption, depuis plusieurs mois, des travaux de forage de la société canadienne Terra Ventures, près du Lac Kachiwiss, à environ 20 kilomètres de Sept-Iles, ne rassure pas les membres du groupe.

«Leur permis est valide jusqu'en février 2011 et le discours qu'ils tiennent est que le prix de l'uranium est trop bas et que l'hiver approche. C'est tout ce que l'on sait. Ils n'ont pas renoncé», a soutenu le porte-parole de Sept-Iles sans uranium, Marc Fafard, au sujet de Terra Ventures.

Jusqu'à jeudi, les militants installés sur les terrains du Parlement tiendront des activités de sensibilisation sur les dangers de l'uranium sur la santé humaine et la qualité de l'environnement.

Ils espèrent ainsi faire pression sur le gouvernement Charest pour le convaincre de revenir sur ses positions et d'imposer un moratoire sur l'exploration de l'uranium au Québec.

Un collaborateur du ministre délégué aux Ressources naturelles, Serge Simard, a confirmé que la proposition de moratoire à grande échelle que souhaitent les militants nord-côtiers ne figure pas dans les plans du gouvernement.

«Il est prématuré de parler d'un moratoire à la grandeur du Québec. L'opposition à l'uranium n'est pas partagée par toutes les régions, notamment par l'Ungava», a résumé un membre de l'entourage du ministre à La Presse Canadienne.

Le groupe Sept-Iles sans uranium fera connaître un point de vue tout à fait contraire mercredi à l'occasion de la consultation générale sur le projet de refonte de la Loi sur les mines, tiré du projet de loi 79 présenté l'hiver dernier par le ministre Simard.

Pour l'une des militantes du groupe, Johanne Roussy, les gens qui voient d'un oeil favorable l'exploitation de l'uranium sont assurément «mal-informés».

«Ils (les minières) veulent exploiter des mines qui vont nous contaminer pour 340 000 ans. Ce sont 6000 générations. Qui va prendre la facture du traitement des eaux?», a fait valoir Mme Roussy lors d'un court point de presse.

«Nous ne serons satisfaits que s'il y a un moratoire et un temps de réflexion pour savoir si la population québécoise veut se lancer dans les mines d'uranium et les centrales nucléaires», a-t-elle poursuivi.

En décembre dernier, 20 médecins du Centre hospitalier de Sept-Îles avaient remis leur démission pour protester contre l'exploration de gisements d'uranium dans la région. Ils n'ont pas encore mis leur menace à exécution.

Le Canada est un producteur de premier plan d'uranium utilisé par les centrales nucléaires.

Le Québec, de son côté, ne compte aucune mine d'uranium en activité.

Toutefois, le sous-sol québécois recèle un potientiel qui suscite l'appétit de certaines compagnies comme Ressources Strateco, qui développe un projet minier dans les monts Otish à environ 250 kilomètres au nord de Chibougamau.

La société Uracan lorgne aussi le métal lourd. A cet effet, son porte-parole au Québec, Yvan Loubier, présentera mardi un mémoire en commission parlementaire dans l'espoir de «démystifier les mythes de l'industrie» de l'uranium.