Hydro-Québec a annoncé hier une décision qui n'a surpris personne: la réfection de sa centrale nucléaire Gentilly-2 ne commencera pas en 2011 comme prévu, mais un an plus tard.

Cette décision était à prévoir, car Hydro attend la fin de la réfection de deux autres centrales du même type, à Point Lepreau au Nouveau-Brunswick et à Wolsong en Corée du Sud.

La réfection de la centrale sud-coréenne a commencé en 2009 et elle suit son cours normal, mais celle de Point Lepreau au Nouveau-Brunswick accumule les retards. Au début du mois d'août, Énergie atomique du Canada a annoncé un autre délai d'au moins un an dans la remise à neuf du réacteur CANDU.

C'est la première fois qu'une réfection est en cours sur ce type de réacteur. Au Nouveau-Brunswick, l'opération a commencé en mars 2008 et devait être terminée en septembre 2009. Il est maintenant question de février 2011.

Ces délais font augmenter le coût de la réfection, en plus de coûter une petite fortune à Énergie Nouveau-Brunswick en énergie de remplacement. La province a demandé au gouvernement fédéral une aide financière pour lui permettre d'éponger ces coûts.

Énergie atomique du Canada à vendre

Ce qui ne simplifie pas les choses, c'est que la société fédérale Énergie atomique du Canada est actuellement à l'encan. Le gouvernement conservateur a décidé en décembre dernier de vendre son entreprise déficitaire et les acheteurs ont eu jusqu'au 30 juin dernier pour se manifester. Depuis, rien n'a filtré.

Hydro-Québec aimerait bien savoir qui sera le prochain propriétaire d'Énergie atomique du Canada avant d'entreprendre la rénovation de sa propre centrale, dont le coût est maintenant estimé à 1,9 milliard.

«Ce report permettra d'obtenir les assurances nécessaires quant à l'identité du prochain propriétaire d'Énergie atomique du Canada, principal fournisseur et entrepreneur dans le cadre du projet de réfection», indique la société d'État dans le communiqué annonçant sa décision.

Plusieurs noms de repreneurs ont circulé, dont ceux de la française Areva et de la québécoise SNC-Lavalin, mais les acheteurs possibles ne sont pas légion.

La réfection de la seule centrale nucléaire du réseau d'Hydro-Québec ne fait pas l'unanimité. Plusieurs observateurs croient qu'Hydro ne devrait pas investir autant d'argent dans la filière nucléaire puisqu'elle n'en a pas besoin.

La centrale Gentilly-2 de Bécancour a 25 ans et elle peut produire 5 milliards de kilowattheures, soit la consommation de la ville de Québec et de sa banlieue. Chaque année, Hydro-Québec doit arrêter la production pour entretien, des arrêts qui peuvent être longs. Cette année, le réacteur a été stoppé au début d'avril et remis en marche au début d'août, a fait savoir une porte-parole d'Hydro, Marie-Élaine Devault.

À la suite de ces quatre mois d'arrêt, Hydro «a constaté l'état satisfaisant des équipements».

La société d'État estime que les 2 milliards investis dans la réfection de la centrale généreront des retombées économiques de 600 millions au Québec et permettront de maintenir les 800 emplois existants.