Les gouvernements de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse préviennent le premier ministre du Québec, Jean Charest, de cesser d'interférer avec le développement énergétique du Canada atlantique.

Les deux provinces atlantiques essaient d'obtenir du financement pour la mise en place d'un câble sous-marin, sous le golfe du Saint-Laurent, qui relierait le Labrador et le Cap Breton.

Le premier ministre terre-neuvien Danny Williams affirme que les deux provinces font appel à un programme fédéral de financement des infrastructures pour ce partenariat public-privé.

«Nous avons été informés qu'une lettre a été envoyée par la province de Québec, possiblement signée par Jean Charest, s'opposant à la demande de financement», a déclaré jeudi M. Williams.

Il a ensuite dénoncé ce qu'il a appelé l'arrogance inimaginable du Québec de venir ainsi mettre son nez dans les affaires du Canada atlantique.

Le ministre néo-écossais de l'Énergie, Bill Estabrooks, dit avoir été informé de l'existence de la lettre par son personnel. «Je suis déçu de voir M. Charest tomber aussi bas, a-t-il dit. M. Charest, mêlez-vous de vos affaires. Faites la promotion de votre province ou de votre région, mais ne dénigrez pas une autre province ou région à des fins purement politiques.»

MM. Williams et Estabrooks estiment que ce projet est un bel exemple de coopération atlantique, qui profiterait de l'énergie hydroélectrique verte produite au Labrador.

«Nous pensons particulièrement à l'avenir du cours inférieur du fleuve Churchill, a dit M. Estabrooks. Nous avons toujours envisagé la mise en place d'un réseau régional et c'est dans cette direction que nous progressons.»

M. Estabrooks a ajouté vouloir prendre quelques jours pour essayer de mieux comprendre les objections du Québec avant d'y aller d'autres commentaires.

Malgré les coups de gueule du premier ministre Williams, le gouvernement du Québec n'a pas l'intention de modifier quoi que ce soit à sa position dans ce dossier.

La ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, n'étant pas disponible, la réplique du gouvernement est venue de la bouche du nouveau ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier.

Chose certaine, a-t-il dit, en entrevue téléphonique, en matière d'énergie, le Québec ne tolérera aucune forme de concurrence déloyale au profit de Terre-Neuve.

«S'il y avait un financement fédéral des lignes de transmission, ce serait de la concurrence déloyale entre les provinces», a-t-il affirmé.

Les mêmes règles de soutien financier doivent s'appliquer à toutes les provinces, a-t-il tranché.

Quant au ton employé par M. Williams, il a dit que «ce n'est jamais utile d'avoir un ton qui est trop fort, et ça ne sert pas l'avantage d'aucune des deux provinces».

Le premier ministre Williams, s'était farouchement opposé, plus tôt cette année, à l'entente qui aurait vu Hydro-Québec acheter les infrastructures d'Énergie Nouveau-Brunswick, craignant les répercussions que cette transaction aurait pu avoir sur sa province.

Le projet a finalement avorté face à la tempête d'opposition qu'il suscitait au Nouveau-Brunswick même.