Deux ans après la fusion entre Gaz de France et Suez, GDF Suez a annoncé mardi le rachat du groupe britannique International Power, qui va lui permettre de devenir le deuxième producteur d'électricité au monde, et de se renforcer dans les pays émergents.

International Power détient plus de 50 centrales électriques dans le monde, dans 21 pays.

«Nous devenons la première entreprise énergétique mondiale, parmi les sociétés non pétrolières, et, dans le domaine de la production d'électricité, nous passons de la 8e à la 2e place mondiale», a souligné Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, mardi, dans un entretien à l'AFP.

«Les deux premiers producteurs mondiaux d'électricité sont français désormais», a-t-il relevé. EDF occupe la première place.

Avec ce mariage, GDF Suez disposera d'une capacité de production totale d'électricité de 107 gigawatts, passant devant l'allemand E.ON, l'italien Enel et les trois premières entreprises chinoises du secteur.

Le nouveau groupe réalisera un chiffre d'affaires de 84,4 milliards d'euros et sera présent sur tous les continents, sauf l'Afrique.

«C'est une opération qui scelle la réussite de la fusion entre Gaz de France et Suez» en juillet 2008, s'est félicité M. Mestrallet.

Le mariage de l'entreprise publique GDF avec le groupe privé Suez avait donné lieu à un feuilleton à rebondissements de plus deux ans, suscitant notamment le dépôt de 137.449 amendements au Parlement, un record sous la Vème République.

L'opération de rapprochement avec International Power, qui aura mis un peu plus de six mois à se réaliser, a été approuvée par les conseils d'administration des deux groupes. Elle se fera essentiellement par échange d'actifs.

GDF Suez a toutefois dû promettre le versement d'un dividende pour un total de 1,4 milliard de livres (1,68 milliard d'euros) pour obtenir l'accord des actionnaires d'IP.

GDF Suez va apporter certaines de ses activités internationales (pour l'essentiel non européennes) à International Power. En échange, il recevra 70% du capital d'IP, les anciens actionnaires en gardant 30%.

L'État français possède 36% de GDF Suez. Saluant l'annonce de la prise de contrôle d'IP, le Premier ministre François Fillon a souligné dans un communiqué que l'État «conservera toute sa place au sein du groupe, le niveau de sa participation restant inchangé».

Les deux sociétés espèrent réaliser des économies de coût de 197 millions d'euros par an, une fois la fusion totalement réalisée.

L'opération devrait être définitivement conclue fin 2010 ou début 2011.

Le PDG de GDF Suez a assuré qu'elle n'aurait pas d'impact sur les employés du groupe. «Il n'y aura aucune opération de restructuration en France. Nous faisons ce projet pour nous développer et pour investir», a assuré M. Mestrallet.

Grâce à cet achat, GDF Suez va pouvoir accélérer son développement dans les pays émergents, les plus rentables économiquement à une période où la consommation d'énergie stagne en Europe et en Amérique du Nord.

«Nous continuerons à investir en France et en Europe mais les plus forts besoins en énergie sont dans les pays où la croissance économique est très forte: en Amérique latine, en Asie et au Moyen-Orient», a expliqué Gérard Mestrallet.

La nouvelle a reçu un accueil mitigé à la Bourse de Paris où le titre perdait 0,45% à 26,67 euros à 12H25, dans un marché en baisse de 0,86%.

«GDF Suez ne surpaye pas l'opération», s'est néanmoins félicité Louis Boujard, analyste financier chez Aurel en évoquant une opération «tout à fait satisfaisante».