Le groupe pétrolier britannique BP (BP) a annoncé mardi une perte ajustée de 16,9 milliards de dollars au deuxième trimestre, plus grosse perte trimestrielle de l'histoire des entreprises britanniques, à cause de provisions constituées pour faire face au coût de la marée noire dans le golfe du Mexique.

BP a en effet mis de côté 32,2 milliards de dollars dans le cadre de cette catastrophe, ce qui comprend notamment le compte séquestre de 20 milliards de dollars promis aux autorités américaines pour assurer l'ensemble des dédommagements, et les paiements du nettoyage et des indemnisations déjà effectués à cette date, soit 2,9 milliards de dollars.

La perte, comparée à cette charge, est limitée par un bon résultat du groupe en termes d'exploitation pétrolière au deuxième trimestre, et par un effet fiscal favorable à hauteur de 7,19 milliards de dollars. Au deuxième trimestre 2009, BP avait connu une bénéfice ajusté des coûts courants - sa mesure préférée - de 3,14 milliards de dollars.

En données nettes, ce bénéfice s'était établi à 2,9 milliards de dollars. Sans l'impact des charges liées à la marée noire, le groupe aurait annoncé un bénéfice de cinq milliards de dollars.

Sur le semestre, la perte est de 11,38 milliards de dollars, contre un bénéfice de 5,53 milliards de dollars en 2009.

BP a annoncé par ailleurs avoir l'intention de vendre pour 30 milliards de dollars d'actifs au cours des 18 prochains mois, notamment des biens liés à l'exploration pétrolière. Cette somme comprend les 7 milliards de dollars d'actifs dont le rachat par l'américain Apache a été annoncé mardi dernier.

Dans un communiqué parallèle à la publication de ces résultats, BP explique avoir l'intention d'avoir «une approche prudente» de la gestion de son bilan et de sa liquidité financière, «afin d'assurer qu'il a la flexibilité de remplir toutes ses obligations financières à venir».

Ainsi, le groupe indique avoir l'intention de faire passer son endettement à environ 10 à 15 milliards de dollars dans les 18 mois à venir, contre 23 milliards à la fin juin. Ses dépenses en capital seront légèrement réduite à 18 milliards de dollars par an, comme annoncé précédemment.

Tony Hayward, le directeur général qui quittera la tête du groupe au premier octobre pour être remplacé par Bob Dudley, a indiqué que BP «comptait avoir payé la grande majorité des coûts directs de réponse à la marée noire d'ici à la fin de l'année». Les autres coûts seront «sans doute étalés sur un certain nombre d'années», a-t-il dit.

La production n'a été que relativement peu affectée par la catastrophe du golfe du Mexique au deuxième trimestre: elle s'est établie à 3,85 millions de barils équivalent pétrole par jour, en baisse de 4% par rapport au même trimestre de 2009, et en baisse de 2% si on tient compte des accords de partage de production.

Alors que BP a supprimé cette année le versement de ses célèbres dividendes, qui constituent une part non négligeable des revenus de nombreux retraités au Royaume-Uni via les fonds de pension, le président de BP Carl-Henric Svanberg a répété que la direction était «toujours fermement engagée» à payer les futurs dividendes.

Mais elle ne reverra pas sa position avant la publication des résultats du quatrième trimestre, soit en février 2011, a prévenu M. Svanberg.

Le marché témoignait d'une certaine confiance au groupe lors des premiers échanges à la Bourse de Londres: BP gagnait 0,59% à 419,4 pence ce matin sur un marché en hausse de 0,60%.