Le groupe pétrolier français Total (TOT) a annoncé mercredi qu'il avait signé un accord pour acheter la société canadienne UTS Energy (T.UTS) et sa participation de 20% dans le projet minier Forts Hills dans la province de l'Alberta, pour 1,15 milliard de dollars canadiens.

Cet accord prévoit qu'UTS transférera dans une nouvelle société ses actifs autres que sa participation dans Fort Hills et que Total Canada acquerra la société UTS pour un montant en numéraire de 3,08$ par action, indique le communiqué.

Compte tenu du montant d'argent comptant détenu par UTS et acquis par Total (355 millions par action ou l'équivalent de 0,73$ par action), le coût d'acquisition ressort pour Total à environ 1,15 milliard, ajoute le communiqué.

La transaction est soumise aux autorisations réglementaires des autorités canadiennes et l'acceptation du «Plan for Arrangements» par au moins 66,67% des actionnaires d'UTS Energy présents lors d'une assemblée générale extraordinaire, précise le communiqué.

La dernière estimation des ressources du projet Fort Hills est d'environ 3,4 milliards de barils de bitume qui seront exploités par extraction minière à ciel ouvert, indique Total.

Ce projet doit être développé en deux phases, dont la première d'environ 160 000 barils par jour a obtenu les autorisations administratives nécessaires. Total espère une mise en production à l'horizon 2015-2016.

UTS bénéficiant d'un portage de la part de ses partenaires dans le projet Fort Hills, portage qui sera transféré à Total (environ 704 millions), Total affirme qu'il aura ainsi accès à environ 680 millions de barils de ressources pour un coût d'acquisition net de 0,65$ par baril.

Des écologistes canadiens et américains avaient annoncé en avril qu'ils portaient plainte contre le gouvernement canadien, lui reprochant de ne pas appliquer ses propres lois en permettant aux compagnies exploitant les sables bitumineux de l'Alberta de polluer les cours d'eau.

Cette plainte déposée en vertu de l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena), qui réunit le Canada, les États-Unis et le Mexique, a pour but de forcer le gouvernement canadien à appliquer sa loi sur les pêches qui interdit le rejet de «substances délétères» dans les milieux halieutiques.

Dans un rapport publié l'an dernier, Environmental Defense Canada estimait que ces bassins laissaient échapper quatre millions de mètres cubes d'eau contaminée chaque année dans l'environnement.

La Chine, deuxième consommateur de pétrole après les États-Unis, qui a connu un échec cuisant dans sa volonté de s'assurer un accès aux ressources énergétiques aux États-Unis, a adopté chez le voisin canadien une stratégie beaucoup plus discrète et qui semble plus effective, selon des experts.

Les groupes chinois, qui lorgnent sur les plus grandes réserves de pétrole brut en dehors du Proche-Orient, ont opté pour des coentreprises ou des prises de participation minoritaires, afin d'éviter la mésaventure vécue en 2005, lorsque le pétrolier chinois CNOOC avait du renoncer à racheter l'américaine Unocal en raison du climat politique hostile à Washington.

Depuis l'échec d'Unocal, les entreprises chinoises ont investi chez le voisin canadien des milliards de dollars dans la région d'Alberta, dans l'ouest du Canada, dont les sables pétrolifères ont des réserves estimées à 175 milliards de barils, contre 260 milliards de barils pour l'Arabie saoudite.