Le cours en Bourse du groupe pétrolier britannique BP s'effondre alors que le coût de la marée noire ne cesse d'enfler aux États-Unis où les autorités se préparent à l'arrivée d'une tempête tropicale qui pourrait contrarier les efforts pour obturer la fuite de pétrole.

À la Bourse de Londres vendredi, l'action BP, qui était en forte baisse depuis le début de la séance, a dégringolé de 8,99% à 296 pence vers 10h10 (heure de Londres), tombant ainsi sous la barre des 300 pence pour la première fois depuis 13 ans.

Cette nouvelle chute porte à 55% l'effondrement du cours du groupe pétrolier depuis le naufrage fin avril de la plate-forme Deepwater Horizon qu'il exploitait dans le Golfe du Mexique, à l'origine de la pire catastrophe écologique de l'histoire des États-Unis.

BP a annoncé vendredi matin que ses dépenses liées à la marée noire du Golfe du Mexique avaient atteint 2,35 milliards de dollars à ce jour, soit environ 1,9 milliard d'euros.

Cette somme inclut l'ensemble des dépenses effectuées par le groupe pour contenir et nettoyer le pétrole, le forage de puits de secours, les aides versées aux États riverains, les dommages déjà remboursés, et les sommes payées aux autorités fédérales, a détaillé BP.

Le groupe britannique, qui s'est engagé sous la pression de la Maison-Blanche à mettre 20 milliards de dollars de côté pour indemniser les victimes du brut, a répété au passage qu'il était trop tôt pour chiffrer le coût final de la catastrophe.

Une possible tempête tropicale menace par ailleurs les côtes américaines du Golfe du Mexique. Les prévisionnistes s'attendent à ce que des vents forts balayent la région à la fin du week-end ou au début de la semaine prochaine sans pouvoir dire quelle va être la puissance de la dépression.

«Ca va être une première et il n'y a pas de mode d'emploi», a réagi Thad Allen, le commandant des garde-côtes américains interrogé par CNN vendredi sur l'arrivée de cette «vague tropicale».

«Nous avons un plan. Nous commençons a redéployer les gens et les équipements si nous pensons devoir affronter des vents cinq jours plus tard», a expliqué le commandant alors que la saison des tempêtes tropicales et des ouragans a commencé dans la région du golfe.

Après avoir souillé les côtes de Louisiane, de Mississippi et d'Alabama, la marée noire menace maintenant la Floride, une des plus importantes destinations touristiques de la planète avec 80 millions de visiteurs par an.

Les autorités ont décidé jeudi d'interdire la baignade dans le nord-ouest de cet État, allant de Perdido Key, à la limite de l'Alabama, jusqu'à la plage de Pensacola et l'île de Santa Rosa, environ 70 km plus à l'est.

«Il y a du pétrole dans l'eau et dans le sable. Le double drapeau rouge a été hissé sur les plages, ce qui signifie qu'il est interdit de se baigner», a indiqué Warren Bielenberg, directeur du Parc national des îles du Golfe.

Les autorités ont mis en place des opérations pour empêcher le pétrole d'atteindre les plages de Floride, qui compte 2000 kilomètres de côtes, source de revenus et d'emplois par le tourisme et la pêche, d'autant plus importants en période de disette économique.

BP a repris mercredi soir ses opérations de pompage du pétrole après un arrêt de près de onze heures liée à une fuite de gaz accidentelle.

Le lendemain, un juge fédéral a refusé la demande de l'administration d'Obama de suspendre sa décision d'annuler le moratoire sur les forages pétroliers en haute mer. L'administration a maintenant 30 jours pour se conformer à cette décision et revenir sur le moratoire.

C'est une nouvelle victoire pour les 32 sociétés pétrolières qui avaient déposé un recours contre le moratoire de six mois décidé par Obama le temps de comprendre les raisons de la catastrophe actuelle.