Des sociétés pétrolières ont contesté hier devant la justice la décision de l'administration américaine d'imposer un moratoire sur les forages en mer, alors que des documents de BP révèlent que la fuite de brut dans le golfe du Mexique pourrait être énorme.

Par ailleurs, un témoignage évoque à présent une fuite sur la plateforme Deepwater Horizon quelques jours avant son explosion à 80 km des côtes américaines, tandis que le groupe britannique BP, qui a déjà payé 2 milliards US en frais techniques et dédommagements divers, essaie de soulever d'autres responsabilités possibles dans la marée noire.

Le groupe Hornbeck Offshore Services a été le premier à se plaindre de la décision des autorités américaines d'imposer un moratoire de six mois sur les forages en eaux profondes, arguant que des milliers d'employés allaient perdre leur gagne-pain.

L'entreprise, qui a déposé une plainte au début du mois et a été rejointe depuis par plusieurs autres groupes du secteur, estime que la décision est «arbitraire, capricieuse» et qu'elle constitue «un abus de pouvoir».

Selon les avocats du gouvernement, la décision se «base sur la nécessité de garantir qu'aucun accident de forage ne puisse se produire à l'avenir».

À l'issue d'une rencontre entre le président Barack Obama et les dirigeants de BP la semaine dernière, BP a accepté de mettre 20 milliards US de côté pour indemniser les victimes de la pollution.

BP a aussi accepté de mettre en place un fonds de 100 millions US pour les ouvriers du secteur du pétrole licenciés à la suite de la catastrophe.

Mais malgré ces concessions, le groupe a rejeté deux demandes de l'administration américaine, a révélé hier le Wall Street Journal. BP a refusé de signer un chèque en blanc pour le nettoyage des côtes touchées par la pollution et «limité» sa responsabilité face aux ouvriers du secteur pétrolier.

Et nouveau coup dur pour BP hier, un employé de la plateforme Deepwater Horizon, Tyrone Benton, a affirmé avoir été témoin d'une fuite sur une importante pièce de sécurité, et assuré que celle-ci n'avait pas été réparée, les exploitants préférant se reposer sur une pièce de secours.

BP a répondu que Transocean était responsable à la fois de la maintenance et du fonctionnement de cette pièce.

Tout en maintenant le profil bas du coupable décidé à payer ce qu'il doit, BP a commencé à désigner les autres sociétés potentiellement impliquées dans la catastrophe, comme pour Transocean et le bloc d'obturation, ou pour Halliburton et la cimentation de la plateforme. Une polémique l'oppose à présent à son associé à 25% dans Deepwater Horizon, l'américain Anadarko.

Par ailleurs, dans un document interne remis en mai au Congrès américain, BP estime que, dans le cas d'un scénario catastrophe, jusqu'à 100 000 barils de pétrole par jour pourraient se déverser dans le golfe du Mexique. Au moment où le document a été remis aux élus, BP estimait la fuite à 5000 barils de pétrole par jour.

«Soit ils mentent, soit ils sont extrêmement incompétents», s'est emporté le président démocrate de la sous-commission de l'Environnement à la Chambre des représentants, Edward Markey, en révélant deux pages du document.

Selon les autorités américaines, le puits situé à 1500 mètres de profondeur crache actuellement entre 35 000 et 60 000 barils par jour.