Shell a beau affirmer qu'il est trop tard pour que des offres d'achat soient faites pour sa raffinerie de Montréal-Est, le ministre des Finances Raymond Bachand et le président de la FTQ Michel Arsenault répètent qu'il y a des acheteurs sérieux et que Shell doit négocier de bonne foi ou s'expliquer plus à fond.

Le président de la FTQ, la centrale à laquelle est affilié le syndicat des travailleurs de Shell, assure que malgré le déni de Shell, il y a bel et bien encore des négociations sur l'avenir de la raffinerie de Montréal-Est.

Interviewé mardi après-midi, M. Arsenault s'est montré catégorique: «On est mardi 15 juin et il y a encore des négociations en marche. Nous, on attend le résultat. Je crois qu'il y a encore de l'espoir.»

Il affirme que «Shell s'est pris à son propre piège» en affirmant qu'il était prêt à vendre si un acheteur sérieux se manifestait. Or, M. Arsenault affirme qu'il y avait des acheteurs sérieux, dont un «très sérieux» qui connaît le raffinage.

«Shell a maintenant l'obligation de négocier de bonne foi», martèle le dirigeant syndical. Quelque 800 emplois directs en dépendent et 3500 emplois indirects, insiste M. Arsenault.

Le ministre des Finances Raymond Bachand s'attend à plus de la part de Shell.

Interrogé au lendemain de l'annonce par Shell du fait qu'il était trop tard, le ministre Bachand s'est dit étonné d'un rejet aussi expéditif.

«Je suis surpris, parce que moi, je sais qu'il existe une entreprise sérieuse qui était là, qui peaufine son offre, aussi. Et Shell doit s'expliquer de façon plus détaillée que ça s'ils veulent rejeter cette offre-là du revers de la main», a opiné le ministre des Finances.

Deux acheteurs demeurent intéressés par la raffinerie, même si la société a annoncé lundi que son processus de recherche d'un acheteur potentiel était bel et bien terminé, et ce, depuis le 1er juin.

La pétrolière a refusé les avis d'intention qui lui avaient été présentés, parce que les conditions étaient largement insuffisantes, selon elle, comportant notamment un important écart d'évaluation.

Selon la porte-parole du comité de survie de la raffinerie, Catherine Escojido, Shell a rejeté trop tôt les avis d'intention et n'a pas laissé suffisamment de temps aux deux acheteurs potentiels pour présenter des offres d'achat en bonne et due forme.

Le week-end dernier, le premier ministre Jean Charest avait lui aussi indiqué que Shell devait fournir des explications.

Vendredi dernier, les syndiqués de la raffinerie avaient lancé un mouvement de boycottage de 24 heures de toutes les stations-service de Shell au Québec, afin de faire pression sur leur employeur pour qu'il cède la raffinerie à un acheteur intéressé.