Même si elle gardera un terminal de stockage une fois que sa raffinerie aura cessé ses activités, Shell n'échappera pas à l'obligation de réhabiliter ses terrains fortement contaminés de l'est de l'île.

La loi prévoit en effet que, six mois après la fermeture de sa raffinerie, Shell devra avoir réalisé une étude de sol, a expliqué hier Dave Leclerc, porte-parole de la ministre de l'Environnement, Line Beauchamp.

Si le niveau de contamination dépasse la norme, ce qui est pratiquement certain étant donné que la raffinerie existe depuis plus de 75 ans, Shell devra soumettre au gouvernement un plan de réhabilitation du sol. La facture pourrait être très élevée, il est question de centaines de millions de dollars.

Selon le porte-parole de la ministre Beauchamp, le fait de conserver des réservoirs à Montréal ne dispense pas Shell de ses obligations en matière de décontamination, mais le coût de l'opération en sera diminué. La superficie occupée par les réservoirs n'aura pas besoin d'être décontaminée, puisqu'elle continuera d'être utilisée à des fins industrielles.

Donc, si ses réservoirs occupent la moitié du terrain, Shell sera tenue de décontaminer seulement l'autre moitié.

La loi ne prévoit pas de période maximale pour réaliser les opérations de décontamination, seulement qu'elles doivent être terminées «dans les meilleurs délais».

Au bureau de la ministre de l'Environnement, on explique que chaque cas est particulier et qu'il est donc impossible de prévoir la durée des opérations de décontamination.

Shell a fait connaître son intention de fermer sa raffinerie en janvier dernier et a rencontré peu après des représentants du ministère de l'Environnement qui ont informé l'entreprise des exigences de la loi.

Le coût et la responsabilité de la décontamination des terrains ont d'ailleurs été évoqués par le ministre du Développement économique, Clément Gignac, comme étant un obstacle important à une vente de la raffinerie.

Faible espoir

Même si le premier ministre, Jean Charest, affirmait pendant le week-end qu'il y avait encore une possibilité de sauver la raffinerie, l'espoir reste mince. Hier, la rumeur voulait qu'un des acheteurs ait repris contact avec Shell pour reprendre les discussions, mais il a été impossible de confirmer ces informations.

Shell, de toute façon, a fait savoir vendredi que sa décision était finale.

Les syndiqués qui perdront leur emploi dans quelques mois ont appelé la population à un boycottage des produits Shell vendredi prochain, le 11 juin.