La catastrophe de BP dans le golfe du Mexique ne devrait pas dissuader les pétrolières de forer dans des milieux écologiquement sensibles, a soutenu lundi le pdg du géant français Total, Christophe de Margerie, en plus de défendre l'exploitation des sables bitumineux en Alberta.

«Nous devons être plus prudents et nous ne pouvons pas accepter que ce qui est arrivé dans le golfe du Mexique se reproduise, mais il faut voir ce qui peut être fait sans nuire aux économies», a déclaré M. de Margerie dans un discours prononcé à la Conférence de Montréal.

Le dirigeant a admis que l'industrie pétrolière traversait «des moments très difficiles».

«Il est vrai qu'il est difficile de comprendre que les mêmes compagnies qui disent «nous sommes les meilleures» soient incapables de faire face à des problèmes comme ceux-là, a-t-il convenu. Nous devons trouver la solution.»

Conscient que la crise du golfe du Mexique a fortement entaché la réputation des pétrolières dans l'opinion publique, Christophe de Margerie a souligné que la pire chose qui pouvait arriver à court ou moyen terme, c'est une hausse brutale des cours du brut.

«Pensez-y une minute. Les gens diraient: «non seulement (les pétrolières) polluent, mais en plus elles font de l'argent avec cette pollution!» Pour éviter cela, nous devons continuer de développer nos champs (pétrolifères) dans les pires contextes environnementaux, mais j'insiste: de façon propre.»

Une diminution du nombre de sites d'extraction du pétrole serait susceptible de faire grimper les cours du brut, d'où l'importance, selon M. de Margerie, de poursuivre l'exploration sur terre et en haute mer. Il est impossible de mettre fin aux plateformes offshore parce que la planète a besoin du pétrole qui y est extrait, a-t-il relevé.

«Je ne pense pas qu'en tant que producteur de pétrole et de gaz qui doit servir ses clients, vous prenez trop de risques en développant les gisements offshore», a-t-il déclaré.

Le pdg a néanmoins dit accepter qu'en raison de la fuite dans le golfe du Mexique, les futurs projets pétroliers coûteront plus cher à développer et prendront plus de temps à être approuvés.

Alberta

Abordant les sables bitumineux de l'Alberta, Christophe de Margerie a affirmé que l'industrie devait amener «l'opinion publique à comprendre» que ces gisements peuvent être exploités «proprement».

«Penser qu'on peut les laisser de côté juste pour être politiquement correct... Après, ne venez pas demander pourquoi le monde n'avance pas correctement. Parce que (si les sables bitumineux étaient abandonnés), nous serions tous responsables d'avoir rendu ce monde encore plus fragile qu'il l'est actuellement (au plan de la sécurité énergétique)», a-t-il dit.

Carney

Sur un autre front, le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a soutenu lundi à la même conférence que la crise des dettes publiques en Europe avait eu très peu de répercussions au pays jusqu'ici.

La résolution du problème dépendra en partie de la capacité des autorités européennes à se concerter et à agir de manière décisive, ce qu'elles font actuellement, a-t-il estimé.

D'après M. Carney, la croissance économique au Canada et dans le reste du monde n'est désormais plus strictement liée à la santé des institutions financières, mais plutôt à des facteurs plus traditionnels comme les investissements des entreprises et la réduction des déficits gouvernementaux.

À cet égard, le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Angel Gurria, a pressé les États de «donner des signaux aux marchés» au sujet de leurs plans de redressement budgétaire.

La récente crise grecque a mis en relief les risques qui peuvent découler de l'absence de mesures efficaces de contrôle des déficits gouvernementaux, a fait remarquer le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer.