BP pourrait devoir vendre certains de ses actifs les plus précieux, y compris une participation dans son champ pétrolifère le plus gros aux États-Unis, pour payer les coûts de nettoyage, les amendes et les dommages et intérêts consécutifs au plus important déversement pétrolier en mer de l'histoire des États-Unis.

La participation de 26% dans le projet de Prudhoe Bay, en Alaska, et d'autres actifs de PB sont susceptibles d'intéresser des sociétés telles que China National Petroleum Corp., Occidental Petroleum Corp. et Hess Corp., selon Douglas Ober, PDG de Petroleum&Resources Corp., à Baltimore, le plus vieux fonds pétrolier des États-Unis.

 

«BP devra examiner d'autres actifs pour payer le gâchis qu'elle crée», ajoute M. Ober, qui voit à la gestion d'actifs combinés de 1,6 milliard US dans le fonds Petroleum&Resources et Adams Express Co. «L'entreprise ne pourra pas utiliser une quelconque partie de ces liquidités pour augmenter sa production, dit-il, ou pour ajouter à ses réserves et cela lui liera vraiment les mains.»

BP a perdu 34% de sa capitalisation boursière depuis qu'un incendie survenu le 20 avril dernier dans le golfe du Mexique a fait 11 morts parmi les travailleurs, coulé une plate-forme de 365 millions US et provoqué une fuite qui a déversé des millions de gallons de pétrole brut dans le Golfe. L'entreprise a dépensé plus de 1 milliard US pour tenter de colmater la fuite et pour récupérer le pétrole de l'océan. M. Ober a vendu toutes ses actions de BP après que 15 travailleurs eurent trouvé la mort lors d'une explosion dans une raffinerie de l'entreprise à Texas City, au Texas.

Une vente d'actifs par BP est plus probable qu'un rachat de l'entreprise parce qu'il est trop tôt pour estimer le coût final du déversement et de ses conséquences, avance Gianna Bern, fondatrice de Brookshire Advisory&Research Inc., de Flossmoor, en Illinois, qui est aussi une ancienne courtière en pétrole brut de BP.

«Un investisseur potentiel y penserait à deux fois parce que la situation actuelle est sans précédent et qu'il faudra une décennie pour dégager les responsabilités et tout litige potentiel», ajoute Mme Bern.

BP, qui est le plus important producteur de pétrole et de gaz naturel dans la région américaine du golfe du Mexique, fait face à des enquêtes criminelles et des autorités réglementaires portant sur les causes du désastre provoqué par la rupture du puits Macondo en haute mer réalisé avec Transocean Ltd.

La dégringolade des actions de BP depuis le désastre a fait disparaître 42,2 milliards de livres anglaises (61,8 milliards US) en capitalisation boursière, soit davantage que la production économique du Nigéria, du Vietnam ou de la République tchèque.

Prudhoe Bay et d'autres champs en Alaska étaient les plus importantes sources de pétrole brut de BP dans l'hémisphère occidental en 2009 après sa production dans le golfe du Mexique, selon des dépositions auprès des autorités. Les champs pétrolifères de l'Alaska fournissaient un baril à tous les 14 barils de pétrole pompés par BP dans le monde l'an dernier.

À part Prudhoe Bay, BP exploite ou détient des participations dans 20 autres champs en Alaska, de même que 4 oléoducs.

En plus de Prudhoe Bay, les entreprises rivales pourraient lorgner les actifs de BP dans d'autres pays riches en pétrole tels que l'Azerbaïdjan et l'Angola, estiment des analystes.