La catastrophe environnementale provoquée par la fuite de pétrole dans le golfe du Mexique force tous les pays de la planète à revoir leurs activités de forage extracôtières, estime le ministre des Ressources naturelles, Christian Paradis.

Le Canada, qui est un pays producteur de pétrole important, a déjà entrepris une révision de ses politiques en matière de sécurité et de la protection de l'environnement dans le cas des forages extracôtiers dans l'Arctique, a affirmé le ministre.

M.Paradis a aussi indiqué avoir exploré récemment avec ses homologues provinciaux l'idée de revoir «de fond en comble» le régime réglementaire canadien afin de vérifier s'il est aussi efficace qu'il devrait l'être pour éviter qu'un désastre écologique semblable à celui dans le golfe du Mexique ne se produise dans les eaux canadiennes.

«À la lumière du déversement dans le golfe, on examinera attentivement les mesures qui pourraient devoir être prises pour réduire le risque qu'un tel accident ne survienne ici», a affirmé le ministre Paradis durant un récent débat aux Communes sur cette question.

«Pour le moment, on a en place un cadre réglementaire robuste et solide. Mais comme tous les Canadiens, je suis scandalisé et très préoccupé par la catastrophe dans le golfe du Mexique. Cela me choque de voir l'ampleur des dommages environnementaux et des coûts économiques d'un tel déversement. Et comme tous les Canadiens, notre gouvernement conservateur veut s'assurer qu'un tel désastre ne surviendra jamais ici, au Canada», a ajouté le ministre.

M.Paradis a tenu ces propos durant un débat vendredi sur une motion du NPD qui exhortait le gouvernement fédéral «à entreprendre immédiatement une révision exhaustive, au niveau fédéral, des lois, règlements et politiques qui régissent la mise en valeur des sources non conventionnelles de pétrole et de gaz, dont les sables bitumineux, les gisements pétroliers et gaziers en eau profonde et le gaz de schiste». L'objectif de cette révision est, toujours selon la motion, de «doter le Canada des règles de sécurité et de protection de l'environnement les plus rigoureuses du monde».

Cette motion a finalement été adoptée à l'unanimité mardi soir, à la grande surprise des troupes néo-démocrates qui s'attendaient à ce que les conservateurs s'y opposent en raison de leur bilan en matière environnemental. Hier, le chef du NPD, Jack Layton, a demandé au ministre Paradis quand il comptait se plier aux obligations fixées par cette motion. M.Paradis a assuré que cette révision sera faite dans la plus grande transparence.

«Il faut être clair, aucun projet, ici au Canada, ne verra le jour tant et aussi longtemps que l'office ne sera pas convaincu que la sûreté, la sécurité des travailleurs et la protection de l'environnement sont assurés», a-t-il affirmé hier.

Surveillance

Par ailleurs, M.Paradis a aussi précisé la semaine dernière que les activités de forage menées par Chevron, dans le secteur du bassin Orphan, au large de Terre-Neuve, font l'objet de mesures de surveillance spéciales depuis le 20 mai.

Chevron a commencé cet ambitieux projet il y a deux semaines et prévoit forer à une profondeur de 2,6 km, soit environ un kilomètre de plus que le fameux puits que British Petroleum n'arrive pas à colmater dans le golfe du Mexique depuis 45 jours.

Cela dit, les partis de l'opposition demeurent inquiets des intentions du gouvernement conservateur. Le député bloquiste Bernard Bigras a souligné que Chevron ne semble pas avoir de plan pour réagir rapidement à un éventuel accident de forage. Selon les estimations de fonctionnaires, il faudrait en effet faire venir une foreuse du golfe du Mexique capable de creuser un puits de secours en cas d'accident. «Cela pourrait prendre 11 jours avant de faire venir cette foreuse et de quatre à cinq mois pour forer un puits de secours. Je suis un peu surpris du discours du ministre, qui se dit rassurant par rapport aux forages actuels et futurs au Canada», a dit M.Bigras.