Des pétrolières exploitant des sables bitumineux lancent une campagne pancanadienne de relations publiques pour faire part à la population de l'amélioration de leurs dossiers environnementaux, a indiqué mercredi le chef de la direction de la Pétrolière Impériale.

«Malheureusement, les amélioraions que nous avons apportées ont été exclues du débat sur les sables bitumineux parce que nous, en tant qu'industrie, n'avons pas su transmettre notre histoire», a reconnu Bruce March.

L'Alberta jouit de la deuxième plus grande réserve pétrolière au monde - soit plus de 174 milliards de barils - derrière l'Arabie saoudite.

Les sables bitumineux ont fait l'objet de plusieurs critiques de la part d'écologistes, qui déplorent la quantité de gaz à effet de serre produite lors du raffinage, et sont de plus en plus un dossier délicat sur la scène politique américaine. En février 2009, lors de sa première visite au Canada, le président américain Barack Obama avait fait allusion à «l'imposante empreinte de carbone» imputable aux sables bitumineux.

D'autres législateurs aux États-Unis ont également manifesté leurs inquiétudes - en 2008, des maires ont adopté une résolution pressant les villes d'interdire l'usage d'essence dérivée des sables bitumineux dans les véhicules municipaux.

De plus, deux géants du détail aux États-Unis ont promis de ne jamais acheter de carburant issu des sables bitumineux de l'Alberta, dans leur lutte contre les changements climatiques.

Mais M. March a déclaré à son auditoire du Toronto Board of Trade qu'il ne croyait pas que les Canadiens devaient choisir entre la sécurité énergétique, le bien-être économique et un environnement sain.

«Ce n'est pas une question de «noir ou blanc'. Un environnement sain et une forte économie sont tous deux importants, et nous devrions tous nous attendre à rien de moins», a-t-il affirmé.

M. March a rappelé les efforts de son entreprise pour réduire sa consommation d'eau, de gaz naturel et ses émissions de gaz à effet de serre. Mais jusqu'à maintenant, a-t-il ensuite admis, l'industrie a été incapable de bien communiquer ces réalisations au grand public.

«Il n'y a pas de doute que des images de mines à ciel ouvert et de bassins de résidus miniers peuvent être puissantes. Mais l'issue finale est trop souvent oubliée dans les portraits sur le développement des sables bitumineux.»

M. March s'est présenté devant le Toronto Board of Trade dans le cadre d'une vaste campagne promotionnelle, à l'échelle du pays - incluant des messages publicitaires à la télévision et dans les journaux - afin de communiquer leurs objectifs environnementaux aux Canadiens et à la communauté internationale.

Les questions de protection environnementale liée à l'exploitation du pétrole retiennent particulièrement l'attention depuis l'explosion d'une plateforme pétrolière aux larges des côtes de la Louisiane, le 20 avril, responsable d'un déversement quotidien de 757 000 litres de pétrole dans le golfe du Mexique.

Plus tôt en mai, l'Impériale (TSX:IMO) et deux autres pétrolières ont demandé à l'Office national de l'énergie de retarder une révision de ses politiques en matière de forage marin tant que les causes de ce déversement ne seront pas connues.

L'Impériale détient une participation de 25 pour cent dans Syncrude Canada, le plus important développement de sables bitumineux au monde, et a amorcé la construction de l'imposante mine de Kearl Lake, un projet évalué à 8 milliards $ au nord-est de Fort McMurray, en Alberta.

Par ailleurs, les actionnaires d'ExxonMobil (NYSE:XOM), sa société mère, ont largement rejeté, mercredi, une résolution exigeant la publication d'un rapport sur les répercussions à long terme de ses activités de sables bitumineux. Lors de l'assemblée générale annuelle, à Dallas, seulement 26,4 pour cent des actionnaires ont approuvé la résolution, que le conseil d'administration avait suggéré de rejeter.

L'action de la Pétrolière Impériale a pris mercredi 25 cents à la Bourse de Toronto, où elle a clôturé à 39,45 $.