Il n'y a pas de petites économies: en pleine restructuration judiciaire, la forestière AbibitiBowater allège sa collection d'oeuvres d'art, l'une des plus importantes de Montréal.

En décembre dernier, l'entreprise a mis aux enchères chez Sotheby's, à Toronto, quatre sculptures et 14 tableaux d'artistes canadiens connus comme Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté, Alfred Laliberté et Goodridge Roberts. La vente a rapporté 363 000 $.

Plusieurs des oeuvres cédées illustrent des scènes de travaux forestiers. L'Essoucheur, une sculpture en bronze de Suzor-Coté, a ainsi été adjugée 106 000 $. On compte également des paysages ruraux canadiens et des oeuvres abstraites.

Dans deux semaines, AbitibiBowater récidivera avec trois nouvelles oeuvres dont la vente pourrait rapporter près de 40 000 $.

Au cours d'un entretien téléphonique, jeudi, un porte-parole, Jean-Philippe Côté, a souligné que la forestière procédait régulièrement à des transactions sur le marché de l'art. Il a toutefois reconnu que la vente de décembre était particulièrement importante.

«Le côté exceptionnel de celle-là, c'est que pour une des premières fois, on avait un ensemble d'oeuvres dont la valeur totale était assez importante par rapport à d'autres ventes précédentes», a-t-il expliqué.

Bien sûr, la vente n'était pas étrangère à la restructuration judiciaire de l'entreprise, en cours depuis plus d'un an et qui a notamment pour but de vendre des actifs non essentiels.

La réduction de la taille de la collection d'oeuvres d'art d'AbitibiBowater, qui se poursuivra au cours des prochains mois, vise également un but plus terre à terre: avec les licenciements des derniers mois, il y a moins de bureaux à décorer au siège social de Montréal et dans les autres centres administratifs de l'entreprise.

«Mais on restera quand même avec une bonne collection», a tenu à préciser M. Côté, qui ne pouvait toutefois pas indiquer le nombre d'oeuvres qu'elle contient.

Résultats

AbitibiBowater a par ailleurs publié jeudi ses résultats du premier trimestre, qui a pris fin le 31 mars.

Durement frappée par l'appréciation du dollar canadien, la forestière a essuyé une perte nette de 500 millions $ US (8,68 $ US par action), soit plus du double de celle de 218 millions $ US (3,78 $ US par action) enregistrée pendant la même période de l'an dernier.

Le chiffre d'affaires a reculé de 1,2% pour atteindre 1,1 milliard $ US.

La fluctuation des taux de change, principalement la hausse du dollar canadien, a couté 121 millions $ US à l'entreprise montréalaise, alors que la fin du programme américain de subventions pour la «liqueur noire», un sous-produit forestier utilisé comme carburant, a représenté un manque à gagner de 33 millions $ US.

Les ventes de papier journal ont reculé de 12,3%, alors que celles de papier couché ont diminué de sept pour cent et celles des papiers spécialisés, de 13,3%. Les revenus tirés de la pâte ont crû de 59,8 pour cent et ceux du bois, de 86,8%.

Le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP) a d'autre part annoncé jeudi s'être entendu avec AbitibiBowater sur un projet de renouvellement des conventions collectives de quatre scieries du Saguenay - Lac-Saint-Jean.

L'entente, dont le contenu n'a pas été divulgué, sera soumise à l'approbation des syndiqués le 30 mai prochain.

Le SCEP se prépare en outre à la prochaine ronde de négociations, prévue en juin, qui portera sur le contrat de travail des employés affectés aux activités forestières d'AbitibiBowater.

L'entreprise doit présenter son plan de restructuration, qui visera à la libérer de la protection des tribunaux, au cours des prochains jours.