Des habitants de Malartic, sortis amers du processus de déménagement imposé par le projet minier d'Osisko, demandent aux parlementaires québécois de s'assurer que le citoyen ne soit plus laissé à lui-même face aux sociétés minières.

Le Comité de vigilance de Malartic regroupe une trentaine de citoyens directement touchés par le déménagement d'un quartier entier de la ville de 3500 habitants.

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Il présentait hier son mémoire devant la Commission des ressources naturelles de l'Assemblée nationale, dans le cadre des consultations sur la réforme de la Loi sur les mines (projet de loi 79). Six citoyens étaient aussi entendus à titre individuel.

Pour son projet aurifère Canadian Malartic, qui mènera à la plus grande mine d'or à ciel ouvert du pays, la minière Osisko a dû déménager ou détruire 200 maisons.

La société a négocié de gré à gré avec chaque propriétaire, une procédure qui en a dérangé quelques-uns, d'autant plus qu'ils n'avaient pas d'aide juridique.

«Nous avons subi le plus grand stress de notre vie au point de vue physique, moral et social, dont nous subissons encore les conséquences aujourd'hui», affirment les citoyens Annette Ayotte et Yvan Trudel.

»Je ne suis pas grand-chose»

Chaque propriétaire se voyait proposer le déménagement de sa maison vers un nouveau quartier, ou la vente de la propriété. Sans quoi, la loi permet à la société minière de recourir à l'expropriation. «Les gens en Abitibi disent qu'après Dieu le Père, c'est la Loi sur les mines qui mène», note le Comité de vigilance.

«J'ai découvert, par la force des choses, que je ne suis pas grand-chose devant une compagnie qui a trouvé de l'or sous ma maison, raconte pour sa part la citoyenne Angèle Germain dans son mémoire. La compagnie minière a tous les droits.»

C'est pourquoi le Comité de vigilance et les citoyens demandent que la nouvelle loi prévoie un mécanisme de soutien technique et juridique pour aider les gens dans la négociation, a expliqué à La Presse Affaires l'avocate et porte-parole du Comité de vigilance, Nicole Kirouac.

«Dans le projet de loi, le gouvernement propose de cautionner des ententes de gré à gré, ajoute Mme Kirouac. Pourtant, il y a des gens qui ont subi des préjudices évidents.»

Dans son mémoire présenté à la Commission la semaine dernière, Osisko soutenait que sur la question du déménagement, «le contexte réglementaire existant est adéquat. Ce cadre reconnaît que les citoyens sont capables de conclure l'achat ou la vente de leur résidence, quitte à chercher conseil pour le faire». Pour Osisko, cette approche oblige à traiter tous les citoyens avec «respect, équité et générosité».

Outre l'assistance juridique obligatoire pour les citoyens qui doivent négocier avec les sociétés minières, le Comité de vigilance demande que les sociétés ne puissent entreprendre quelques travaux que ce soit avant l'obtention des permis d'exploitation et autorisations gouvernementales. Les citoyens ont encore en mémoire le déménagement de leur maison alors même que se tenaient les audiences publiques sur l'environnement (BAPE).