Il y a l'or québécois et le fer québécois. Il y aura bientôt le diamant québécois. Et c'est sur les épaules du nouveau vice-président et chef de l'exploitation de Stornoway Diamond Corporation, Patrick Godin, que repose la responsabilité de mettre en service la première mine de diamants de la province. La Presse Affaires l'a rencontré, quelques jours après son entrée en fonction.

«La seule expérience que j'ai dans le diamant, c'est quand je me suis marié, il y a 18 ans», lance Patrick Godin en riant.

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Pourtant, le voici à la tête du projet Renard, situé au nord des monts Otish, en plein coeur du Québec. Un projet de mine souterraine et à ciel ouvert qui, s'il se concrétise comme prévu en 2013, sera le fer de lance de l'industrie diamantaire québécoise.

«J'ai choisi Stornoway parce que je voulais concevoir un projet au Québec, un projet qui peut créer beaucoup de valeur ajoutée dans un territoire qui s'ouvre au développement économique», explique M. Godin, nommé au début du mois.

Stornoway est une société de Vancouver, mais Patrick Godin insiste pour que le projet Renard soit tout québécois. Il est d'ailleurs appelé à former une équipe d'exploitation québécoise, et Stornoway ouvrira un bureau à Montréal.

De l'or africain au diamant québécois

Patrick Godin a une vingtaine d'années d'expérience dans le secteur minier, notamment chez Cambior (rachetée par IAMGOLD), de 1991 à 2007.

«Sa nomination marque le passage de Stornoway d'explorateur à développeur minier», a déclaré le président et chef de la direction de la société, Matt Manson.

La veille de sa nomination, Patrick Godin était encore au Burkina Faso, où il a travaillé 18 mois, à titre de contractuel, au lancement de la mine d'or Essakane, d'IAMGOLD. La mine entrera en exploitation au mois d'août.

Même s'il ne s'est pas encore rendu dans les monts Otish, le nouveau chef de l'exploitation a bien étudié le projet Renard.

«Techniquement, c'est un projet assez facile, explique l'ingénieur minier. Il n'y a pas de processus chimique pour séparer les métaux, comme c'est le cas avec l'or. Tout est mécanique.»

M. Godin note qu'on trouve tous les équipements nécessaires au Québec. Mais il concède qu'il faudra sans doute aller chercher un peu d'expertise diamantaire ailleurs, comme en Afrique du Sud.

Une route et de l'électricité

Les plus grands défis de M. Godin résident ailleurs: la propriété est au milieu de nulle part, loin de toute ville. Il n'y a ni route ni électricité à proximité.

La route est un des premiers points à l'agenda de M. Godin. Le gouvernement s'est engagé à prolonger la route 167 du lac Mistassini jusqu'au terrain du projet Renard, en passant par la propriété uranifère Matoush, de Strateco.

«Il faut accélérer la construction de la route pour en profiter le plus tôt possible, dit M. Godin. Il faut voir comment on peut appuyer le gouvernement là-dedans.»

La mise en production n'est pas pour demain, mais encore faut-il acheminer le matériel pour construire la mine.

Patrick Godin espère aussi que la société pourra obtenir un accès à l'électricité. La centrale LG4 n'est qu'à une centaine de kilomètres au nord.

«Nous allons utiliser des génératrices au départ, mais il nous faudra utiliser 40 000 litres de carburant par jour quand la mine sera en production», souligne-t-il. Avec tous les impacts environnementaux que comportent l'utilisation et le transport d'une telle quantité de carburant.

«Si nous étions reliés au réseau électrique, cela serait plus écologique, et ça nous permettrait de diminuer les coûts, de produire davantage et de pouvoir réinvestir encore plus», soutient aussi M. Godin.

La SOQUEM, filiale de la SGF, possède la moitié des parts du projet Renard.