Il y a quelques années, un professeur de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys qui trouvait qu'il faisait trop chaud dans sa classe n'avait qu'une option à sa disposition: ouvrir la fenêtre, même si on était en plein hiver.

«Avant, on mettait le piton de la chaudière à on au moins d'octobre, et on fermait la switch au mois de mai. Pendant tout l'hiver, ça chauffait full blast. Ça veut dire que s'il faisait dix degrés en janvier et qu'il pleuvait, ça chauffait autant que s'il faisait -30», illustre André Dufresne, directeur adjoint, entretien et ingénierie, à la CSMB.

Au début des années 2000, l'homme a réalisé qu'il jetait littéralement l'argent des contribuables par les fenêtres. Et que des solutions existaient pour chauffer ses écoles plus intelligemment.

La CSMB s'est mise en mode action. L'objectif: réduire la facture énergétique. L'institution s'est mise à remplacer graduellement les immenses chaudières au gaz qui chauffaient ses écoles - «les monstres préhistoriques», comme les appelle aujourd'hui M. Dufresne - par de petites chaudières modernes pouvant être contrôlées électroniquement.

L'avantage, c'est que ces équipements peuvent s'adapter aux besoins des usagers. Si la température extérieure grimpe, ils chauffent moins. Et les soirs et les weekends, quand les écoles sont vides, ils ralentissent le rythme.

La CSMB a aussi commencé à troquer ses ampoules et ses fluorescents pour des modèles moins énergivores. Et elle a remplacé la plupart des chaudières au mazout qu'elle avait encore pour des chaudières au gaz naturel, plus efficaces et moins polluantes.

Total de la facture pour la CSMB: environ 25 millions. «En allant cogner à toutes les portes possibles et imaginables, on a recueilli environ 3 millions de subventions», dit M. Dufresne.

À mesure que les changements étaient effectués, la facture énergétique diminuait. Pour l'année scolaire 2002-2003, la CSMB a consommé 521 000 gigajoules d'énergie. L'an dernier, elle en a consommé 457 000 – une diminution de 12%. Et ses modèles prévoient qu'elle terminera l'année en cours à 426 000.

Mais il n'y a pas que la facture de la CSMB qui a piqué du nez. Ce faisant, ses émissions de gaz à effet de serre ont suivi la même courbe. Ce sont les gens de Gaz Métro qui ont suggéré à la commission scolaire de vendre les crédits de carbone découlant de ses efforts d'efficacité énergétique.

«Nous, on ne connaissait rien là-dedans. On entendait parler de la bourse du carbone, mais combien ça pouvait représenter pour nous, ce que ça pouvait signifier en termes d'économies, si on était éligibles à ça... On n'en avait aucune idée», dit M. Dufresne.

La firme québécoise Solutions L2i est débarquée dans le portrait pour calculer exactement la quantité d'émissions de gaz à effet de serre sauvées par les efforts de réduction de la commission scolaire. Verdict: entre 2003 et 2008, ceux-ci ont empêché l'équivalent de 12 273 tonnes de CO2 de polluer l'atmosphère.

«Les chiffres, je les connais par coeur, monsieur. Parce que quand tu as franchi le processus, tu es content. Et tu es fier», dit M. Dufresne. Après avoir quantifié la réduction des émissions, L2i a proposé à la CSMB de lui acheter toutes les tonnes de carbone sauvées par le passé... et toutes celles qu'elle sauvera d'ici 2015. Le prix offert tourne autour de 5$ la tonne.

André Dufresne a accepté. Pour lui, l'argent généré par les crédits de carbone représente un «bel extra» dans la mesure où il n'était pas prévu. «Ça s'ajoute à bien des avantages, dont des économies d'énergie très appréciables. Si on n'avait rien fait depuis 2002, ça nous aurait coûté facilement un million de plus cet hiver. Et au bout du compte, le confort de nos occupants est amélioré.»