Pendant près de 10 ans, Gerry Rocchi a dirigé Barclays Global Investors Canada, la division canadienne de gestion d'actifs de la banque britannique Barclays.

Il y a quelques années, vous lui auriez dit qu'il achèterait un jour des produits financiers générés par des écoles primaires et des polyvalentes et il aurait probablement composé le numéro de l'asile pour vous y faire interner.

C'est pourtant ce qu'il vient de faire.

M. Rocchi est aujourd'hui président et chef de la direction de Green Power Action, une entreprise qui gère un fonds appelé le Greening Canada Fund. C'est lui qui a acheté de Solutions L2i les crédits de carbone générés par la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys.

«Notre rôle est simple: on achète des crédits de carbone qui répondent à des critères de qualité bien précis, et on les distribue à nos investisseurs», résume M. Rocchi.

Les investisseurs sont des gens qui cherchent volontairement à se procurer des crédits de carbone. Le profil-type: une grande société canadienne qui veut montrer qu'elle est un leader dans la lutte aux changements climatiques.

Mais le Greening Canada Fund ne leur offre pas n'importe quels crédits. Comme un fonds commun qui offre des produits très ciblés à ses investisseurs (des actions de sociétés américaines de petite capitalisation, par exemple, ou des titres de grandes minières canadiennes), le fonds choisit ses crédits selon des critères très stricts.

D'abord, tous les crédits de carbone du Greening Canada Fund doivent provenir de projets de réduction effectués en sol canadien. De plus, 50% de ces crédits sont qualifiés de «sociaux» - ils proviennent de projets réalisés par des organisations à but non-lucratif comme des écoles publiques, des hôpitaux ou des projets de logement communautaire.

«C'est la combinaison du développement durable et du fait d'investir dans la communauté qui rend le fonds attrayant», croit M. Rocchi.

Le Greening Canada Fund, lancé en septembre 2009, a acheté des crédits de trois projets jusqu'à maintenant, dont celui mis en place par la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys.

M. Rocchi a bon espoir d'en dénicher davantage au Québec.

«Tout ce qui entoure l'économie du carbone est complexe et il faut souvent de longues discussions pour expliquer aux gens comment ça fonctionne. Mais nous observons que les gens sont plus informés et plus disposés à transiger au Québec que dans n'importe quelle autre province. Nous avons plusieurs projets en cours de négociation au Québec et la province va sûrement compter pour un haut pourcentage de nos projets», dit-il.

Les investisseurs? M. Rocchi espère en convaincre plusieurs de sauter dans le bateau prochainement. Mais pour l'instant, il y en a deux. BMO Banque de Montréal a mis 10 millions dans le fonds. La banque TD, elle, y a investi 3 millions.