Iron Ore Company of Canada (IOC), dont Rio Tinto est l'actionnaire majoritaire, remet en branle son plan d'expansion de ses activités au Canada. Cela nécessitera un investissement de plus de 435 millions de dollars.

L'entreprise, qui exploite une mine à Labrador City et qui exporte le minerai de fer par le port de Sept-Îles, fera passer sa production à 22 millions de tonnes de concentré de fer par année dès 2012, une augmentation de 4 millions de tonnes. Il s'agit de la première de trois phases d'un programme qui amènera la production à 26 millions de tonnes.

 

Le conseil d'IOC avait approuvé le plan d'expansion en mars 2008, mais l'avait suspendu quelques mois plus tard en raison de la crise financière.

Le plan prévoit notamment la construction d'un convoyeur et d'un quatrième broyeur à la mine de Labrador City. En incluant les dépenses effectuées avant mars 2008, l'investissement total de la première phase s'élève à 539 millions.

Canada contre Australie

Cette relance de l'expansion d'IOC est le signe d'une nouvelle confiance dans les perspectives de la demande de minerai de fer. Dans un rapport publié hier, l'analyste Tony Robson, de BMO Marchés des capitaux, soutient que les producteurs bénéficieront de prix records du minerai dans un avenir rapproché.

L'annonce témoigne aussi, comme l'a souligné la direction de Rio Tinto, de «l'attrait d'investir au Canada».

D'ailleurs, Rio Tinto remet en marche son expansion canadienne quatre jours après que le gouvernement australien eut annoncé son intention d'instaurer une nouvelle «supertaxe» de 40% sur les profits des sociétés de ressources.

Rio Tinto, qui compte le tiers de ses actifs en Australie, avait manifesté dès dimanche son inquiétude en soulignant que cela «éroderait sérieusement» la compétitivité australienne.

Le groupe anglo-australien est en train d'étudier les effets de la taxe sur ses activités et ses projets au pays du kangourou, qui est le plus grand exportateur de fer sur la planète.

Une bonne partie de la croissance de Rio Tinto tourne justement autour du minerai de fer, a indiqué à l'agence Bloomberg le directeur de la firme australienne Stock Resource, Grant Craighead. La production de fer représente près de la moitié des profits de Rio Tinto. Or, la «supertaxe» détourne l'avantage financier de l'Australie vers les autres occasions ailleurs dans le monde, a-t-il expliqué.

4 milliards de tonnes

Une de ces occasions est au Canada. Selon la présidente et chef de la direction d'IOC, Zoë Yujnovich, les réserves et ressources de la société totalisent près de 4 milliards de tonnes. Et elle qualifie «d'excellentes» les perspectives d'exploration dans les secteurs voisins de la mine de Labrador City.

IOC est aussi propriétaire du chemin de fer qui relie la mine au port de Sept-Îles, sur 418 kilomètres.

Rio Tinto compte 58,72% des actions d'IOC, tandis que le groupe japonais Mitsubishi en détient 26,18%. Le reste des actions est entre les mains de la fiducie de revenus Labrador Iron Ore Royalty, dont le titre s'échange à la Bourse de Toronto. Sa valeur a d'ailleurs progressé de 1,3% hier, pour s'échanger à 48$ à la clôture.