Quelques jours après que l'industrie minière eut mis de l'avant l'importance de sa contribution économique au Québec, une étude d'un groupe de recherche progressiste en prend tout à fait le contre-pied: elle questionne la pertinence même de l'industrie et propose d'envisager sa nationalisation puis son délaissement progressif.

Selon l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS), qui se définit comme un institut à but non lucratif, indépendant et progressiste, «les coûts économiques, sociaux et environnementaux de l'industrie minière dépassent les bénéfices qu'elle apporte».

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«Ce secteur n'est pas viable à long terme dans une perspective qui tient compte des intérêts de l'ensemble de la collectivité», écrit l'auteure, Laura Handal, chercheuse associée à l'IRIS et détentrice d'une maîtrise en Sciences de l'environnement.

Nationalisation

Selon l'IRIS, il faut non seulement réformer le régime minier actuel, mais «remettre en question la pertinence d'une exploitation continue des ressources minières comme une des stratégies de développement économique au Canada et au Québec».

Un tel changement de cap pourrait se faire d'abord par une nationalisation pour générer davantage de revenus pour la collectivité et limiter «les répercussions socio-écologiques du présent régime». À plus long terme, soutient l'Institut, «il serait souhaitable d'envisager une reconversion progressive vers d'autres secteurs, plus viables pour la société à tous les égards», comme l'industrie de l'environnement et le recyclage des métaux.

Diminuer l'aide de l'État

Le rapport souligne que le secteur des mines métallifères (70% de l'activité minière) coûte 50% plus cher à la collectivité québécoise qu'il ne rapporte en impôts et redevances. Et cela ne tient pas compte des coûts environnementaux associés au secteur minier, comme les coûts de remise en état des sites abandonnés.

Tandis que le soutien public a augmenté au fil des années, la contribution du secteur de l'extraction des métaux au produit intérieur brut (PIB) québécois est passée de 0,31% à 0,24% de 1995 à 2007. Le nombre d'emplois a reculé de 8% dans la même période.

Selon l'IRIS, ces tendances n'ont rien de prometteur pour les années à venir, d'autant plus que la mécanisation des activités réduit la quantité de main-d'oeuvre nécessaire.

Ces perspectives devraient inciter l'État à «réorienter ses interventions» dans le secteur minier, estime l'IRIS.

Le groupe de recherche propose de revoir à la baisse l'aide de l'État à l'industrie minière et d'instaurer un système de redevances basé sur la valeur des minéraux produits plutôt que sur les profits des entreprises.

L'IRIS lance aussi l'idée d'une commission d'étude pour actualiser les principes miniers, qui apportent actuellement un minimum de contraintes au regard de la liberté laissée aux intervenants miniers. C'est cette commission qui pourrait entamer le débat sur la nationalisation et la «reconversion industrielle» du secteur minier.

> Lisez le rapport de l'IRIS