Le géant pétrolier britannique BP a vu ses bénéfices s'envoler au premier trimestre, ayant bénéficié de la remontée des cours du brut, des résultats qui étaient toutefois assombris par le récent naufrage d'une plateforme exploitée par le groupe dans le Golfe du Mexique.

Le bénéfice net part du groupe a bondi de 137% à 6,079 milliards de dollars, et le bénéfice ajusté des coûts courants, mesure préférée des analystes, a grimpé de 135% sur la même période, à 5,598 milliards de dollars.

Cette hausse est très supérieure aux attentes des analystes, qui tablaient en moyenne sur un bénéfice ajusté de 4,805 milliards de dollars, d'après Peter Hutton, de la maison de courtage NCB, qui a qualifié les résultats du groupe d'«époustouflants».

Cette performance a été enregistrée en dépit d'une production d'hydrocarbures (pétrole et gaz) quasiment inchangée, à 4,01 millions de barils équivalent pétrole par jour (mbep/j), et s'explique par la forte remontée des cours du brut par rapport à un an plus tôt.

Le prix moyen du baril de pétrole vendu par le groupe est en effet remonté à 71,86 dollars sur le trimestre écoulé, contre 41,26 dollars seulement un an plus tôt. Ce fort rebond, couplé à des mesures d'économies, a gonflé mécaniquement la contribution aux bénéfices de la division exploration et production, qui ont presque doublé à 8,3 milliards de dollars.

Cela a permis de compenser un recul d'un tiers des profits de la branche raffinage et distribution, à 729 millions.

Mais les performances financières du groupe ont été éclipsées par l'accident survenu la semaine dernière sur une plateforme exploitée par le groupe dans le Golfe du Mexique, comme l'a reconnu lui-même le directeur général Tony Hayward.

Dans un message adressé à ses employés, que l'AFP a pu consulter, il a assuré les proches des 11 personnes portées disparues, et qui ont vraisemblablement péri dans cet accident, de son «grand chagrin et sa sympathie», et a dit partager, comme l'ensemble du personnel, le «choc et la colère qu'un tel accident ait pu se produire».

M. Hayward, qui est depuis la semaine dernière aux Etats-Unis, a également fait part de sa détermination totale pour limiter l'impact de l'accident, qui menace de provoquer une catastrophe écologique.

BP a déployé des robots sous-marins sur place, pour tenter de colmater des fuites de brut émanant du puits situé sous la plateforme «Deep Water Horizon», appartenant à la société Transocean, qui a sombré près des côtes américaines.

«Nous allons faire tout ce que pouvons pour, premièrement, contrôler le puits (dont s'échappe le pétrole), deuxièmement, s'assurer qu'il n'y ait aucune conséquence environnementale grave, et troisièmement, comprendre pourquoi cela s'est produit et nous assurer que cela n'arrive plus jamais», a déclaré M. Hayward, dans son message aux employés.

L'ombre de cet accident se faisait par ailleurs ressentir sur le cours du groupe. À la Bourse de Londres, l'action du groupe perdait 0,73% à 622,2 pence vers 08H45 GMT, dans un marché en baisse de 0,50%.