Rocmec n'est pas une société d'exploration minière comme les autres. La jeune entreprise n'a aucune mine en production, mais elle enregistre des revenus depuis trois trimestres. Et elle est l'une des seules sociétés aurifères à trouver extraordinaire l'idée d'une baisse marquée du prix de l'or. Portrait d'une jeune minière qui se trouve déjà à la croisée des chemins.

Au début des années 2000, Donald Brisebois a adapté au secteur minier une technologie utilisée dans les carrières de pierre du Groupe Gilbert, de Chicoutimi. Une décennie plus tard, elle intéresse quelques-uns des plus grands acteurs de l'industrie.

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La fragmentation thermique consiste à utiliser une chaleur extrême (1800 ºC) pour faire éclater le roc dans des endroits ciblés d'un couloir minéralisé. Les morceaux de roc sont broyés pour en faire un concentré de minerai dans lequel on trouve l'or.

M. Brisebois a breveté la méthode pour l'exploitation de gisements filoniens étroits, mais à très haute teneur, d'une largeur de 30 cm à 2 m. Souvent, la méthode conventionnelle de dynamitage dilue le minerai à travers la roche stérile et rend l'exploitation extrêmement complexe et coûteuse.

La fragmentation permet de réduire les coûts d'exploitation de veines étroites de 30 à 50%, estime Donald Brisebois.

Il soutient que le procédé permettra de réconcilier environnement et production minière. «On est capable d'exploiter l'or sans endommager l'environnement, affirme-t-il. Il n'y a pas de parc à résidus et beaucoup moins de roche stérile. On suit précisément les veines et nous n'utilisons aucun cyanure.»

À la croisée des chemins

Le géant minier Newmont a fait appel à Rocmec pour étudier sa technologie dans un terrain du Nevada. La petite société de Vaudreuil-Dorion vient également de conclure une entente semblable avec Goldcorp pour la mine Porcupine, à Timmins, en Ontario.

«Cela nous permet de donner une notoriété à la méthode de minage, se réjouit M. Brisebois. On forme leurs employés. On travaille sur des blocs minéralisés. Ils vont analyser les bénéfices et les économies de la méthode. Et ils nous paient selon la production.»

Newmont est d'ailleurs en période d'évaluation des résultats. Si les dirigeants apprécient la technologie au point de vouloir l'utiliser plus largement, il n'y a pas 10 000 options. «Ils vont nous engager comme sous-traitant ou nous acheter», lance Donald Brisebois.

Rocmec se trouve ainsi à un point névralgique de son existence, sept ans après son entrée en Bourse. «La technologie s'approche de la commercialisation, mais nous ne pouvons pas y arriver tout seuls, soutient M. Brisebois. Il faut trouver des partenaires ou vendre la technologie.» Le PDG soutient que deux grands fabricants l'ont déjà sondé.

«Il y a trop de demande, il faudra bouger», ajoute-t-il.

La demande serait encore plus forte si le prix de l'or s'effondrait. «Si le prix descend de moitié, ce serait extraordinaire, explique Donald Brisebois. Beaucoup de mines ont des coûts d'exploitation très élevés. Si le prix diminue, les entreprises devront réduire les coûts et faire appel à notre procédé. Plus le prix va baisser, plus notre croissance va augmenter.»

Mais un prix en hausse n'est pas si mauvais non plus, compte tenu des ambitions de production de Rocmec.

Vers la production d'or

Rocmec possède des propriétés aurifères au Québec et au Pérou. Son principal projet (Rocmec 1) est situé à 40 km au nord-ouest de Rouyn-Noranda.

«Nous avons acheté la propriété pour 700 000$ en 2005, dit Donald Brisebois. L'entreprise qui était là avant avait essayé de miner de manière conventionnelle, mais cela a créé trop de dilution, il y avait trop de roche stérile.» Rocmec croit pouvoir exploiter le terrain avec la fragmentation thermique.

Pour l'instant, la propriété compte 100 000 onces d'or mesurées et indiquées, et 500 000 onces inférées. Rocmec poursuit les forages. «Nous visons 1 million d'onces», dit le PDG. L'objectif de production est très rapproché: premier trimestre de 2011. «Tout est prêt, assure M. Brisebois. Nous avons construit l'usine de traitement sous terre. Les accès sont en place.»

Rocmec a déjà investi 28 millions dans le projet. Mais la minière en cherche encore six pour lancer la production.