Au début du mois de mars, des citoyens d'Aguanish, petite municipalité nord-côtière près de Natashquan, ont remarqué quelque chose d'inhabituel sur le terrain de l'ancien dépotoir municipal. Un conteneur et quelques barils de mazout, signes de la présence d'une petite société de Vancouver appelée Uracan, qui effectue dans le coin des travaux d'exploration d'uranium.

Uracan, qui nous a accordé une première entrevue cette semaine, détenait les titres miniers et avait tout à fait le droit d'être là. «Mais on ne nous avait pas du tout avertis», déplore le directeur général de la municipalité, Bernard Déraps.

Le 14 avril, le conseil municipal d'Aguanish a adopté une résolution voulant que la municipalité «s'oppose à tout projet d'exploration et d'exploitation d'uranium sur son territoire, tant et aussi longtemps qu'une preuve ne sera pas apportée qu'il n'y a aucun risque pour l'environnement et la santé».

À Baie-Johan-Beetz, village de 95 habitants entre Havre-Saint-Pierre et Aguanish, Uracan mène aussi des travaux à une dizaine de kilomètres de la municipalité.

En réaction, le conseil a demandé en novembre dernier au gouvernement d'exclure «toute exploration et exploitation d'uranium dans un rayon de 30 kilomètres». Il sera difficile d'attirer les jeunes familles en moussant la qualité de vie de notre village si on a une mine d'uranium à quelques kilomètres, explique en substance le maire Martin Côté.

Uracan arrive enfin

Uracan concentre la majorité de ses activités d'exploration dans la propriété de la Côte-Nord, acquise en 2006 et qui s'étend sur 1000 kilomètres carrées. Depuis 2007, elle a procédé à des travaux de cartographie et a prélevé des échantillons de surface.

Il y a un mois à peine, la société a embauché Yvan Loubier, du cabinet de relations publiques National, «pour servir d'interface entre Uracan et les communautés», explique le principal intéressé. M. Loubier a rencontré les gens de Baie-Johan-Beetz et d'Aguanish le 21 avril.

«Des élus lui ont fait remarquer qu'il arrivait bien tard dans le dossier», raconte Bernard Déraps.

Yvan Loubier n'est pas de cet avis. «Pendant presque trois ans, la société était dans une phase très préliminaire d'exploration, dit-il dans un entretien avec La Presse Affaires. Les forages n'ont commencé que cet hiver. Là, le processus d'acceptabilité sociale, qui nous tient à coeur, commence.»

Uracan est une «excellente citoyenne corporative» qui a «un souci de transparence», assure M. Loubier. Celui-ci compte organiser des séances d'information pour toute la Basse-Côte-Nord afin de répondre aux questions, préoccupations et doléances des citoyens.

À Baie-Johan-Beetz, il n'est pas encore clair si Uracan respectera la demande de la municipalité. Après la rencontre avec M. Loubier, le maire Martin Côté a dit croire qu'Uracan n'en a aucune intention.

Le représentant d'Uracan soutient que la résolution du conseil de Baie-Johan-Beetz a été soumise au conseil d'administration de l'entreprise, qui doit toutefois prendre en compte les obligations de faire des travaux pour pouvoir conserver ses droits sur les titres miniers.