Hydro-Québec a décidé de prendre deux fois plus de temps pour amortir le coût de ses barrages et de ses centrales, ce qui lui permet automatiquement d'augmenter ses profits.

En 2009, la période d'amortissement des installations de production d'électricité est passée de 50 à 100 ans, ce qui veut dire qu'Hydro peut prendre deux fois plus de temps pour amortir ses investissements.

L'amortissement des investissements est une dépense qui vient réduire les profits de l'entreprise. En étalant cette dépense sur une plus longue période de temps, le montant qui réduit les profits est plus petit et la rentabilité s'améliore.

«C'est une façon artificielle, mais pas fausse, d'augmenter les profits», explique le spécialiste en énergie et professeur à HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau.

Comme toujours dans le cas d'Hydro-Québec, il y a beaucoup d'argent en jeu dans les modifications comptables. Hydro affiche des profits de 3 milliards de dollars pour 2009, en hausse de 23 millions par rapport à l'exercice précédent. Sans l'allongement de la période d'amortissement, le bénéfice net aurait été inférieur de 170 millions et donc moins élevé que celui de 2008.

Le professeur Jacques Fortin, spécialiste en comptabilité de HEC Montréal, explique que les règles comptables ne précisent pas une période maximale pour amortir un investissement. «Ça dépend de la nature de l'actif», dit-il.

Comme aucun barrage ici ou dans le monde n'a encore atteint l'âge vénérable de 100 ans, il est difficile d'estimer avec précision la durée de vie de ce type d'investissement, selon lui. «Mais une période de 100 ans ne paraît pas déraisonnable», ajoute le professeur Fortin.

Dans son rapport annuel de 2008, Hydro avait mentionné son intention de réviser la période d'amortissement de ses installations de production et prévenait que l'exercice «pourrait avoir un impact important sur la charge d'amortissement».

Après révision, Hydro a jugé que ses barrages dureront plus longtemps que ce qui était estimé auparavant, a fait savoir son porte-parole, Marc-Brian Chamberland.

«Après évaluation de la conception et de l'entretien, il apparaît que ces actifs seront en production plus longtemps et donc donneront des revenus plus longtemps», a-t-il précisé.

L'allongement de la période d'amortissement arrive au moment où Hydro-Québec recommence à investir dans l'augmentation de sa capacité de production d'électricité. L'an dernier, les investissements de la société d'État ont été de 4,3 milliards, dont la moitié, soit 2,1 milliards, a été consacrée à l'augmentation de la production. Hydro a notamment commencé les travaux de construction du projet Romaine, qui prévoit la construction de quatre centrales au coût de 6,5 milliards.