Devant la forte poussée du dollar canadien, Rio Tinto Alcan salue la décision du gouvernement du Québec, dans son dernier budget, de maintenir le tarif «L», le tarif d'électricité préférentiel offert à la grande industrie énergivore.

Prenant la parole devant le Cercle canadien, lundi, à Montréal, Jacynthe Côté, chef de la direction de Rio Tinto Alcan, a indiqué qu'avec un dollar canadien qui frôle la parité, le tarif «L» représentait déjà un coût légèrement supérieur au taux moyen des tarifs d'électricité de l'industrie à l'échelle mondiale. Elle ajoute que c'est seulement grâce aux investissements dans la modernisation et la productivité de ses installations au Québec que l'entreprise réussit à demeurer compétitive dans ce contexte.

Selon Mme Côté, Québec fait preuve de prudence et de vision à long terme dans sa manière de gérer le tarif préférentiel. Elle l'avertit, du même souffle, que l'industrie ne pourrait pas absorber des hausses importantes de ce tarif.

Mme Côté plaide qu'il est essentiel de continuer à vendre de l'électricité à prix compétitif et prévisible aux aluminiers si l'on veut que l'industrie puisse encore se développer au Québec dans 20, 30 ou 40 ans.

Par ailleurs, Mme Côté dit voir des signes encourageants de reprise sur le marché mondial, que se manifestent par un regain de la demande d'aluminium.

Il est toutefois encore trop tôt, selon elle, pour accélérer les investissements qui ont été retardés par la crise économique, notamment la mise en production d'aluminium avec la nouvelle technologie AP-50, à Saguenay.

Mme Côté a précisé que l'entreprise avait choisi la voie de la prudence et préfère toujours attendre deux ou trois trimestres de reprise confirmée avant de reprendre le rythme accéléré d'investissements. Elle fait valoir qu'il est préférable d'attendre un peu plus longtemps pour une reprise claire plutôt que d'accélérer le rythme pour être ensuite obligé de ralentir avant de reprendre à nouveau.

Elle souligne au passage que la reprise ne suffira pas à elle seule pour accélérer la production puisqu'il y a actuellement de grandes quantités d'aluminium en inventaire sur le marché et que ces inventaires devront aussi être écoulés pour permettre un raffermissement des prix.

À long terme, toutefois, Jacynthe Côté n'entrevoit que de belles choses pour son industrie. Elle rappelle que la demande mondiale - principalement dans les pays émergents - devrait doubler d'ici 10 ans et que, pour répondre à cette demande, l'industrie devra construire un parc de production équivalent à celui de toutes les installations d'Alcan au Saguenay-Lac-Saint-Jean à tous les neuf mois.