L'année 2009 a été très éprouvante pour les entreprises du secteur des pâtes et papier en Amérique du Nord. L'année est terminée, mais pas les problèmes de l'industrie, qui a encore du travail à faire pour retrouver la rentabilité.

Deux bilans globaux qui viennent d'être publiés par PricewaterhouseCoopers et Deloitte Touche Tohmatsu arrivent à une même conclusion: les entreprises du secteur forestier ne sont pas encore au bout de leurs peines.

Les entreprises ont travaillé fort en 2009 pour réduire la capacité de production excédentaire et pour assainir leur bilan, mais ces efforts ne sont pas suffisants, explique Luc Martin, responsable du secteur chez Deloitte Touche Tohmatsu. «Il y a encore une surcapacité de production et la consolidation devrait se poursuivre en 2010», a-t-il précisé lors d'un entretien avec La Presse Affaires.

«La rationalisation de la capacité, la réduction générale des coûts et le désendettement des bilans doivent se poursuivre», estiment également les spécialistes de PricewaterhouseCoopers.

Pour assurer leur survie, les entreprises n'ont pas seulement réduit leur taille, elles ont modifié leur stratégie. Par exemple, Domtar vient de vendre ses activités forestières pour se consacrer à la production de papier fin. «C'est en partie pour générer des fonds et en partie pour se spécialiser, parce c'est un secteur qui demande beaucoup de capital», souligne Luc Martin.

Selon PriceWaterhouse Coopers, qui a examiné les fusions et acquisitions dans l'industrie en 2009, la vente de territoires forestiers appartenant à de grandes entreprises intégrées figure parmi les plus grosses transactions de 2009 en Amérique du Nord.

Deux de ces transactions ont d'ailleurs été réalisées par la Société générale de financement et le Fonds de solidarité FTQ, qui ont acquis des terres appartenant à Smurfit Stone et à AbitibiBowater. Ces deux entreprises ont dû restructurer leur dette en 2009 pour éviter la faillite.

D'autres entreprises lorgnent de nouvelles activités, comme la production de combustible à partir de la biomasse. Les investissements dans les biocombustibles permettront à l'industrie d'améliorer sa rentabilité et de réduire sa dépendance envers le pétrole et le gaz naturel, estime Deloitte Touche Tohmatsu, qui y voit une avenue prometteuse.

Au bout du long tunnel qu'il n'a pas fini de traverser, le secteur forestier sortira passablement transformé. Il y aura moins d'entreprises et elles seront plus spécialisées, certaines dans des secteurs nouveaux comme la propriété de boisés, note Luc Martin.

En attendant, les analystes du secteur sont prudents. Dans un rapport récent, Richard Kelertas, de Dundee Capital, conseille aux investisseurs de miser sur les producteurs anti-cycliques, comme Fortress Paper (22,55$ hier, en baisse de 5 cents) et d'éviter les autres comme Domtar (70,78$, en hausse de 2,96$) et Catalyst (0,25 cents, en baisse de 0,05 cent).