L'industrie minière se sent visée. À elle seule, elle fournira 30% de l'effort réclamé à l'ensemble des entreprises pour revenir à l'équilibre budgétaire.

L'Association minière du Québec a noté que les mesures annoncées par le ministre des Finances Raymond Bachand dans le secteur minier représenteront des débours additionnels de 243 millions de dollars sur cinq ans. C'est une partie significative des 800 millions réclamés à l'ensemble des entreprises.

«Nous ne disons pas que les sociétés minières ne doivent pas payer de redevances, a déclaré le président-directeur général de l'association, Dan Tolgyesi, en entrevue avec La Presse Affaires. Nous sommes d'accord parce que nous exploitons une ressource non renouvelable. Mais ici, ça nous frappe de façon imprévue. On s'attendait à un projet de loi et ça se retrouve enchâssé dans le budget.»

Dans son budget, le ministre Bachand a annoncé une augmentation immédiate des droits miniers de 12 à 14% et des augmentations de 1% par année au cours des deux prochaines années, pour atteindre 16% en 2012-2013.

M. Bachand a annoncé une série d'autres mesures touchant spécifiquement le secteur minier, dont une réduction du taux d'allocation pour amortissement et une limitation du crédit de droits remboursables.

M. Tolgyesi a rappelé que des mesures plus générales auront également des impacts sur les sociétés minières.

«Le gouvernement agit pièce par pièce, a-t-il déclaré. Quand on comptabilise une seule mesure, on se dit que ce n'est pas beaucoup. L'autre, ce n'est pas beaucoup non plus. Mais lorsqu'on additionne, ça commence à être assez élevé.»

Le président et chef de la direction de Mines Richmont, Martin Rivard, a affirmé de son côté qu'il était encore un peu tôt pour évaluer les effets précis du budget sur son entreprise, l'un des principaux producteurs d'or au Québec. Le fait que le calcul du profit annuel se fasse mine par mine complique l'analyse. Mais à première vue, l'impact est significatif.

«Le Québec est reconnu mondialement pour son potentiel minéral et son support pour l'industrie minière, a déclaré M. Rivard. Il y a encore beaucoup de potentiel au Québec, mais quand on modifie les mesures de façon aussi importante, on rend le Québec moins attrayant au niveau mondial.»

Il a également fait remarquer que l'industrie minière était surtout active dans les régions et qu'elle était un important générateur d'emplois.

«Pour les régions, ce ne sont pas des mesures très positives», a-t-il déploré.

Par ailleurs, Mines Richmont tentera à nouveau d'acquérir la Société minière Louvem.

À l'heure actuelle, Richmont détient environ 70% des actions de Louvem. Elle veut acquérir les autres actions. Elle a déjà signé des conventions de support avec certains actionnaires de Louvem qui détiennent environ 54% de ces actions.

Richmont offre une de ses actions pour chaque lot de 5,4 actions de Louvem, ce qui, compte tenu du cours de clôture de ces titres au 30 mars, représente une prime d'environ 48% pour les actionnaires de Louvem.

Louvem n'a aucun employé et n'effectue aucune activité. Par contre, elle détient une participation de 50% dans la mine Beaufor (l'autre 50% appartient à Richmont) et possède des propriétés d'exploration près de Val-d'Or.

M. Rivard a indiqué que dans le passé, Richmont avait essayé à plusieurs reprises d'acquérir Louvem, sans succès. La dernière fois avait eu lieu en 1997.

«Ça fait un bon bout, mais ce sont les mêmes actionnaires», a lancé M. Rivard.

Le titre de Richmont a diminué de 1,5% alors que celui de Louvem a grimpé de plus de 37% hier à Toronto.