Le 12e Forum international de l'énergie (IEF), qui s'ouvrait mardi à Cancun (Mexique), s'est donné pour objectif majeur de freiner la volatilité du cours du pétrole, qui a affolé les marchés ces deux dernières années.

Le ton avait été donné dès la veille de l'ouverture, lundi, par le secrétaire de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), Abdalla Salem El Badri.

«Nous devons travailler dur (...) pour réduire la volatilité», a-t-il déclaré à la presse dans la station balnéaire bordant la mer des Caraïbes.

«Nous devons nous attaquer à ce problème avec l'OPEP» et «nous espérons définir un calendrier d'action dans la déclaration ministérielle de ce rendez-vous de Cancun», a déclaré en écho lundi à l'AFP le directeur de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), le japonais Nobuo Tanaka.

Les producteurs de gaz naturel, de leur côté, ont affiché leur volonté de revaloriser son cours.

Le prix actuel à 4$ sur le marché spot «n'est pas viable» pour les producteurs et l'Algérie va recommander une réduction de la production «le 19 avril à Oran, au Forum des pays exportateurs de gaz», a déclaré mardi matin à la presse le ministre algérien de l'Énergie et des Mines, Chakib Khelil.

Le Forum de Cancun réunit les ministres de 64 pays producteurs et consommateurs de 90% de l'énergie mondiale.

L'OPEP, qui extrait à elle seule 40% du brut mondial, y participe avec l'AIE et le département-conseil de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), rassemblement des 31 pays les plus industrialisés.

Une plus grande transparence dans les déclarations d'états des stocks des pays consommateurs est une condition essentielle à la maîtrise de la volatilité des cours, selon M. Tanaka.

«Même à ce niveau actuel de prix (stables), il nous faut accroître la transparence», a-t-il souligné.

Les prix du pétrole ont joué au yo-yo depuis la dernière réunion de l'IEF en 2008, avec un record à la hausse à 147$ le baril avant une chute à 32$ durant la crise économique mondiale, puis un rétablissement entre 70$ et 80$.

Ils ont encore bondi de près de 3% lundi à New York, le baril de «light sweet crude» pour livraison en mai terminant à 82,17$, en écho à un net recul du dollar en fin de semaine précédente et au double attentat qui a tué au moins 39 personnes à Moscou.

La Russie est le deuxième producteur et exportateur mondial de brut.

Le niveau actuel satisfait producteurs et consommateurs, mais sa stabilité n'est pas garantie, en raison de l'incertitude sur la reprise économique et des troubles dans des pays producteurs comme l'Iran, l'Irak ou le Nigeria.

«Le cours a échappé à tout contrôle fin 2008 en raison de la spéculation», a déclaré lundi M. El Badri, soulignant que les États-Unis ont déjà mis en oeuvre une politique de stabilisation.

«C'est grâce à cette politique américaine visant à éliminer l'extrême volatilité, l'extrême spéculation, que nous avons ce niveau de 70$ à 80$», a-t-il affirmé.

Les responsables de la l'Initiative commune sur les données pétrolières (Joint Oil Data Initiative, Jodi), lancée en 2001 pour affiner les données sur les inventaires et la demande, ont appelé les gouvernements à «améliorer la qualité des données qu'ils adressent au marché», et à «davantage de clarté sur les états de stocks et de demande».

M. Tanaka a insisté sur le cas de pays énergivores comme la Chine et l'Inde: «s'ils ne nous donnent pas d'indications, comment pourrons-nous élaborer un bon jugement sur les prix à venir?»