Après avoir échoué dans une première tentative de vendre ses scieries en 2007, Domtar (T.UFS) a annoncé hier une autre transaction et, cette fois, ce sera la bonne, espère-t-elle. Le prix de vente est toutefois trois fois moins élevé que celui obtenu il y a trois ans.

EACOM Timber Corporation [[|ticker sym='V.ETR'|]] a accepté de payer 80 millions de dollars pour les scieries de Domtar, pas mal moins que les 285 millions qu'aurait payés Conifex en 2007. Cette transaction avait avorté parce que le gouvernement du Québec avait refusé de transférer à l'acheteur les droits de coupe associés à deux des scieries qui auraient cessé leurs activités.Avec le fonds de roulement qui s'ajoutera au prix d'achat de 80 millions, la transaction conclue avec EACOM devrait totaliser 110 millions et sera financée par un placement privé de 145 millions. Domtar recevra une partie du paiement en actions, ce qui lui donnera une participation de 19% et un siège au conseil d'administration.

EACOM achète cinq scieries en activité et d'autres fermées temporairement au Québec et en Ontario. Ensemble, ces scieries détiennent des droits de coupe de 3,5 millions de mètres cubes de bois, de quoi produire 900 millions de pieds-mesure-de-planche de bois d'oeuvre.

Au Québec, les scieries de Domtar vendues sont situées dans les villes de Val-d'Or, Matagami et Sainte-Marie de Beauce.

Cette fois, Domtar et EACOM se sont assurées auprès des gouvernements du Québec et de l'Ontario que les droits de coupe seraient transférés à l'acheteur.

Le porte-parole de la ministre des Ressources naturelles Nathalie Normandeau a confirmé que la question des droits de coupe ne posait pas de problème.

Avec cette transaction, Domtar pourra enfin se concentrer dans la fabrication de papier fin. Depuis des années, l'entreprise ne faisait pas de mystère de son intention de se retirer du secteur du bois d'oeuvre, a rappelé hier son porte-parole, Pascal Bossé. Déjà, en 2004, Domtar avait voulu former une coentreprise avec Tembec pour regrouper ses activités forestières. Cette coentreprise n'a jamais vu le jour. Trois ans plus tard, c'est la vente à Conifex qui échouait.

Domtar recevra moins d'argent parce que les droits de coupe ont été réduits par le gouvernement et que le marché de bois d'oeuvre s'est détérioré, a expliqué le porte-parole de Domtar. «C'est une combinaison des deux facteurs», a-t-il dit, en précisant que la détérioration du marché était probablement le facteur le plus important.

Comme Conifex à l'époque, EACOM est un nouvel acteur dans l'industrie du bois d'oeuvre. Son président et chef de la direction, Rick Doman, connaît bien le secteur puisqu'il est le fils du fondateur de Doman Industries, entreprise forestière de la Colombie-Britannique aujourd'hui disparue.

Il mise sur le développement de nouveaux marchés. «Actuellement, Domtar vend la moitié de son bois au Canada et l'autre moitié aux États-Unis. Nous pensons pouvoir aller chercher de nouveaux clients au Royaume-Uni, dans le nord de l'Europe et au Moyen-Orient», a-t-il dit au cours d'un entretien avec La Presse Affaires.

La filiale de produits forestiers de Domtar avait des revenus de 200 millions l'an dernier. Avec le temps, son importance a diminué et elle ne représentait plus que 4% des revenus annuels de l'entreprise.

EACOM transférera le siège social de son entreprise de Richmond en Colombie-Britannique et embauchera les employés et l'équipe de direction de la filiale des produits forestiers de Domtar, dont le premier vice-président, Jean-François Mérette. La filiale emploie un millier de personnes

Le marché a bien accueilli ce projet de transaction. Le titre de Domtar a pris 66 cents, à 66,14$, à la Bourse de Toronto et celui de EACOM a gagné 14 cents, à 97 cents, à Vancouver.

Le syndicat qui représente les employés des scieries québécoises s'est aussi réjoui de la transaction avec EACOM. «Ce qui nous donne de l'espoir, c'est que cette entreprise se concentre entièrement sur les activités de sciage, a commenté le représentant syndical, Renaud Gagné. Ça nous laisse donc croire que tous les efforts et les investissements seront faits pour que les scieries fonctionnent.» Le syndicat espère en particulier que la transaction permettra la reprise des activités à la scierie de Sainte-Marie de Beauce.