Le géant de l'industrie forestière AbitibiBowater se rapproche de la fin de sa restructuration judiciaire avec l'acceptation, par les syndiqués de trois usines québécoises, de l'entente de principe intervenue la semaine dernière.

Les 1200 membres de la Fédération des travailleurs du papier et de la forêt (FTPF-CSN) étaient appelés à se prononcer sur cette entente au cours d'une tournée d'assemblées générales qui s'est terminée jeudi soir.

Les syndicats des usines de papier de Clermont, d'Alma et de Grand-Mère, qui regroupent quelque 1000 employés, ont voté dans une proportion d'au moins 85% en faveur de l'entente.

Les quelque 200 syndiqués des installations de Kénogami ont décidé de remettre leur vote à plus tard, voulant en savoir plus sur l'échéancier en vertu duquel AbitibiBowater entend renflouer le régime de retraite. Par contre, la plupart des travailleurs de Kénogami sont d'accord avec l'entente de principe, a indiqué Sylvain Parent, président de la FTPF, au cours d'un entretien téléphonique.

D'une durée de cinq ans, la nouvelle convention collective comporte d'importantes concessions au chapitre des salaires, qui diminueront de 10%, du régime d'assurance collective et des primes de vacances. Cela se traduira par une baisse d'environ 16% de la rémunération totale des syndiqués. L'entente comprend aussi des changements à l'organisation du travail.

AbitibiBowater s'est placée sous la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies il y a près d'un an. La société a accumulé une dette de plus de 8 milliards.

M. Parent a soutenu que les syndiqués avaient fait preuve d'une «grande lucidité». Il a expliqué que les négociations avaient été entreprises avec l'objectif de maintenir les usines en activité avec le plus d'emplois possible et de limiter les reculs dans les conventions collectives, tout en préservant les droits des retraités.

La compagnie voulait initialement réduire ses coûts de main d'oeuvre de 30%, a fait valoir le syndicaliste.

L'accord est conditionnel à l'acceptation d'une entente avec les créanciers et le gouvernement Québec pour établir un nouveau régime de retraite.

Le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP) a également conclu une entente de principe avec AbitibiBowater au début du mois, mais ses membres ne se prononceront pas à son sujet avant au moins une semaine. David Coles, président du SCEP, a prédit vendredi que l'appui que l'appui des syndiqués serait aussi fort qu'à la FTPF-CSN.

Selon le SCEP, la compagnie a retiré sa proposition de liquider les régimes de retraite, ce qui aurait entraîné une réduction des prestations de 25% en moyenne.

L'entente de principe intervenue entre Abitibi et le SCEP couvre environ 4500 travailleurs de 12 usines, de même que 8000 retraités, dans l'est du Canada.